Enfants sans frontières : une nouvelle voie pour penser l’aide extérieure en éducation

19 December 2016

Le 16 décembre dernier, s’est tenu au siège de l’UNESCO à Paris, France, le séminaire « Enfants sans frontières ». Ce séminaire, co-organisé par l’IIPE et la Division de l’UNESCO pour le soutien de l’agenda Éducation 2030, s’appuie sur les résultats d’un projet de recherche mené à l’IIPE sur un territoire composé de neuf pays francophones d’Afrique de l’ouest et centrale. Le séminaire a été présenté par Paul Coustère, Directeur adjoint de l’IIPE, et les résultats de la recherche ont été présentés par le Professeur Alain Mingat, Directeur de recherche IREDU/CNRS et professeur à l'Université de Bourgogne. Jordan Naidoo, Directeur de la division pour le soutien et la coordination de l’agenda Éducation 2030, était présent en tant que discutant et a commenté les résultats présentés avant d'ouvrir le débat avec la salle. Etaient également présentes, Amélie Gagnon (Project Officer IIPE, France) et Rosa Mahdjoub (INRE, Algérie) co-auteure de l’étude.

Alain Mingat a tout d’abord exposé la démarche de cette recherche qui vise à adopter une vision globalisée de l’éducation, des besoins des enfants et de la pauvreté. L’objectif ici est de mettre l’accent sur les individus indépendamment de leur pays de résidence.

« On s’intéresse dans cette étude à la pauvreté absolue et non à la pauvreté par rapport à son pays. Il vaut mieux éduquer des enfants pauvres que donner de l’argent à un pays. »

L’idée est de transformer le concept de 1 enfant égal 1 enfant en structure d’analyse qui va produire des résultats et fournir un travail empirique pour convaincre qu’il existe des perspectives différentes et remettre l'universalité et l'égalité au premier plan du débat sur l'éducation et aux décisions relatives à l'assistance.

Alain Mingat a ensuite détaillé la méthodologie utilisée dans le cadre de cette recherche, une méthodologie forte qui challenge le discours officiel de l’aide internationale. Pour donner un exemple de l’approche méthodologique spécifique à cette étude, l’analyse de la pauvreté globale a été basée sur l’analyse de 30 critères de conditions de vie identiques à tous les enfants et jeunes des neuf pays étudiés.

Selon Alain Mingat, la distribution de l’aide internationale serait différente de ce qu’elle serait si on ciblait ainsi les enfants et non les pays

Jordan Naidoo a ensuite pris la parole pour réagir à cet exposé. Il a souligné la grande qualité de cette étude et son intérêt tout particulier pour l’UNESCO notamment car il est essentiel d’adopter des approches innovantes notamment en termes d’utilisation des données. Cette étude est aussi d’un grand intérêt dans le cadre de l’Objectif de développement durable 4 (ODD pour l’éducation). Cependant, Jordan Naidoo a soulevé plusieurs questions autour de cette démarche comme : quel équilibre trouver entre cette approche centrée sur l’enfant et l’agenda pour l’ODD 4 qui suscite des problématiques plus larges en termes de développement ?

Les échanges entre les deux acteurs ont été ensuite enrichis des apports et questions de la salle. Les sujets des pays en conflit et des enfants réfugiés ont d’ailleurs été évoqués à plusieurs reprises. Cette recherche n’a pas été menée dans des pays concernés par ces problématiques mais il est certain qu’étant donné les enjeux actuels, il faudrait pour élargir cette démarche, les prendre en compte.