COVID-19: Les principaux défis politiques de l’éducation de la petite enfance en Amérique Latine

01 Avril 2021

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© Ruslana Iurchenko / Shutterstock

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les inégalités en Amérique Latine, notamment auprès des enfants de moins de cinq ans, ainsi que des plus vulnérables. Les gouvernements de la région ont mis en œuvre diverses stratégies pour assurer le développement et le bien-être des enfants. Cependant, une nouvelle étude publiée par l'IIPE-UNESCO montre que le manque d'informations spécifiques concernant les jeunes enfants et leurs foyers rend difficile le suivi de l'efficacité des mesures prises pour cette partie importante de la population.

La nouvelle publication (en español) du bureau de l’IIPE-UNESCO pour l'Amérique latine, réalisée avec le soutien de l'UNICEF et de la Fondation Arcor, compare la situation des enfants en Argentine, au Brésil, en Colombie, au Mexique et au Pérou. Un aperçu complet de la situation de la petite enfance avant le début de la crise de COVID-19 y est également présenté à travers un ensemble d'indicateurs. Enfin, le rapport propose une analyse des principales réponses des politiques publiques visant à garantir le bien-être de la petite enfance dans le contexte de la pandémie dans ces pays.

Avant la COVID-19, la région était déjà confrontée à des défis majeurs dans la mise en œuvre des mesures politiques de la petite enfance. Selon l'étude, 72 millions d'enfants de moins de 14 ans vivaient dans la pauvreté, 61% des enfants âgés de trois à quatre ans fréquentaient un programme d'éducation préscolaire et 9% des enfants de moins de cinq ans avaient un retard de croissance. La pandémie a intensifié la situation des jeunes enfants dans la région et rendu les niveaux élevés d'inégalité encore plus évidents.

« Avant la pandémie, les défis majeurs de la mise en œuvre de politiques visant le développement global et le bien-être de la petite enfance en Amérique Latine étaient déjà évidents », affirment les auteurs de la récente étude de l'IIPE.

Une opportunité pour repenser les soins et l'éducation de la petite enfance

Les différentes politiques et programmes mis en œuvre pour atténuer les effets de la crise sanitaire sur les soins et l'éducation de la petite enfance - ainsi que la difficulté d'analyse de la mise en œuvre effective de ces mesures - ont créé une opportunité de repenser la protection et l'éducation de la petite enfance. En ce sens, les chercheurs et auteurs de l'étude, Ana María Osorio et Ernesto Cárdenas, déclarent qu'« aujourd'hui plus que jamais, les gouvernements doivent placer les enfants au centre des réponses à la crise engendrée par la pandémie. »

Sur le plan de la santé, l'étude suggère que si les consultations médicales virtuelles ou téléphoniques visent à réduire le risque d'infections, elles augmentent le risque que les familles retardent ou ne détectent pas des maladies qui nécessitent un traitement. En ce sens, les visites médicales à domicile dans les foyers ayant des enfants de moins de cinq ans seraient une mesure plus efficace pour assurer des soins de santé adéquats dans le contexte de la pandémie. 

En ce qui concerne les initiatives d'aide alimentaire mises en œuvre, la publication indique que, bien que les livraisons de nourriture soient assurées, rien ne garantit qu'elle soit effectivement consommée dans la quantité et la qualité recommandées. En conséquence, la réouverture des filières préexistantes qui assuraient une aide alimentaire aux enfants avant la pandémie dans des conditions de soins sanitaires stricts est suggérée.

A propos de la fermeture partielle ou totale des écoles, l'étude met en évidence les grands enjeux générés par ce type de stratégie, tels que

  •  la nécessité pour les enseignants, les soignants et les élèves d'avoir des compétences technologiques ;
  • l'accès des enfants à un ordinateur et à Internet ;
  • la présence d’un adulte à la maison afin d’accompagner le processus d'apprentissage.


Ainsi, il est suggéré que les écoles et les centres de soins réouvrent, si les conditions sanitaires et de biosécurité nécessaires sont garanties.

Enfin, concernant les loisirs, le document souligne l'importance d'élargir l'offre et d'ouvrir des espaces publics pour la petite enfance. Compte tenu de la longue période de quarantaine stricte que les enfants ont traversée, l’utilisation des parcs, entre autres espaces verts, ne peut être le privilège de quelques personnes, mais doit être un droit pour tous.