Des responsables de l'éducation de l'UNESCO sur la scène où la Charte des Nations Unies a été signée en 1945

03 Mai 2019

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IIEP-UNESCO

Quatre responsables de l'éducation de l'UNESCO ont récemment pris la parole sur la scène du Herbst Theater de San Francisco, aux États-Unis, site historique de la signature de la Charte des Nations Unies en 1945, à l’occasion de la conférence annuelle de la Comparative and International Education Society (CIES).

Cette 63e édition, qui s'est tenue du 14 au 18 avril 2019, avaitpour thème l'éducation au service du développement durable.

Cet événement, au-delà de l’hommage au passé et à l'histoire prestigieuse du Herbst Theater fut l'occasion de présenter le travail de l’UNESCO avec les pays pour les aider à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), un programme universel de 17 objectifs visant à éliminer la pauvreté, les inégalités et l'injustice tout en luttant contre le changement climatique et la protection de l'environnement d'ici 2030.

Animé par Aaron Benavot, ancien Directeur du Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO, le panel a réuni Suzanne Grant Lewis, Directrice de l'Institut international de planification de l'éducation de l'UNESCO, Jordan Naidoo, directeur de la Division pour l'appui et la coordination de l'agenda Éducation 2030 à l'UNESCO, et Claudia Uribe, Directrice du Bureau régional de l'éducation en Amérique latine et aux Caraïbes (OREALC/UNESCO Santiago).

Les intervenants, représentant respectivement le siège, un bureau régional et un institut, ont montré comment l'UNESCO contribue aux ODD - notamment le quatrième objectif pour l'éducation (ODD 4) – et à la promotion des droits humains, et comment l’organisation se montre pertinente face aux défis mondiaux actuels.

Alors que l'ODD 4 prend racine dans les politiques nationales et les stratégies régionales, ainsi que dans les mouvements de la société civile, beaucoup de travail reste à faire, selon Jordan Naidoo.

"Il y a encore 750 millions de jeunes et d'adultes qui ne savent ni lire ni écrire, 262 millions d'enfants et de jeunes qui ne vont pas à l'école... Seulement la moitié des adolescents et des jeunes achèvent leurs études secondaires, avec seulement 18% dans les pays à faible revenu - et 1% des filles les plus pauvres," a-t-il souligné.

Pour faire face à cette réalité, l'UNESCO mobilise le Comité directeur multipartite ODD-Education 2030 pour assurer un appui coordonné en vue de la réalisation de l’ODD 4.

Au cours des trois dernières années, depuis l'adoption des ODD, l'UNESCO a organisé à Amman, Bangkok, Buenos Aires, Cochabamba, Nairobi et Strasbourg des réunions régionales sur l'ODD 4 auxquelles ont participé les gouvernements, la société civile, les organismes multilatéraux, le secteur privé, les universités et les jeunes, afin d’examiner les progrès et partager expériences et solutions.

"Ces réunions illustrent le fait que chaque région a des défis qui lui sont propres, mais que certains d'entre eux transcendent les frontières régionales, tout comme certains défis nationaux transcendent les frontières nationales ", a déclaré Jordan Naidoo, ajoutant que les réunions ont démontré la pertinence des partenariats, ainsi qu'une détermination à engager une action commune.

Suzanne Grant Lewis, qui est le plus haut responsable américain au sein de l'UNESCO, a précisé que l'ODD 4 n'est pas un plan national ni un point de référence international. Il s'agit plutôt "d'une source d'inspiration pour les visions, les politiques et les plans nationaux. Alors que l'UNESCO préconise la planification sectorielle depuis des années, l'Agenda 2030 pour l'éducation l'exige réellement", a-t-elle dit, ajoutant que la planification est plus qu'un simple processus technique ou mécanique.

"Dans le meilleur des cas, la planification est à la fois visionnaire et pragmatique ", a-t-elle déclaré. "Il est également nécessaire, et possible, d'accroître le rôle des données probantes dans ce processus, en commençant par l'analyse sectorielle des besoins. Il s'agit aussi d'éclairer l'allocation des ressources, de choisir les stratégies et de suivre et évaluer les progrès, dans le but de garantir que tous les enfants soient instruits, en bonne santé et en sécurité, et deviennent acteurs dans leur propre destin ".

Les dirigeants de l'UNESCO ont également discuté de la multitude de défis auxquels le monde d'aujourd'hui est confronté. Claudia Uribe a mis l'accent sur le droit à l'éducation des migrants, en effet sa région - l'Amérique latine - connaît une crise humanitaire majeure, l'une des plus importantes de son histoire moderne.

"Le déplacement et la migration de milliers de personnes au cours des trois à cinq dernières années concernent la majorité des pays de la région, que ce soit comme pays d'origine, de transit ou de destination. Le cas le plus grave est celui du Venezuela, où la situation politique, socioéconomique et des droits humains a conduit des millions de personnes à émigrer vers les pays voisins et ailleurs en Amérique latine et dans les Caraïbes", a déclaré Claudia Uribe.

Pour faire face à ce problème, l'OREALC a élaboré une stratégie régionale de migration pour aider les États membres à planifier, améliorer les données, rendre les écoles plus inclusives pour les migrants et faire progresser la reconnaissance des diplômes et des autres connaissances et compétences que les migrants peuvent avoir quand ils arrivent dans un nouveau pays.

Comprenant le pouvoir transformateur de l'éducation, Jordan Naidoo a également abordé les défis mondiaux auxquels les jeunes font face aujourd'hui : "Les apprentissages doit renforcer la résilience et l'empathie d'un individu, favoriser sa capacité à apprécier la diversité et le changement et contribuer à bâtir des sociétés durables".