En direct de CIES 2016 : faire le lien entre données et politique en Asie

09 Mars 2016

article_-_image_1.jpg

IIEP
Anne-Berit Kavli present at the 60th annual CIES conference.

Le panel Learning for All: Using assessment data for policy and planning in Asia présidé aujourd’hui (mercredi 09 mars 2016) par l’IIPE lors de la 60e conférence de la Comparative and International Education Society (CIES) (Société de l’éducation internationale et comparative) présente de nombreux exemples, en Asie, sur la façon dont les données d’évaluation des apprentissages peuvent servir de base pour établir des politiques et pour la planification. Les intervenants discutent et proposent leur vision selon différents types d’évaluation mais avec un objectif primordial pour tous : l’amélioration des résultats scolaires.

Les différents exemples mentionnés traitent en effet de l’Asie, mais les observations et les recommandations des intervenants peuvent s’avérer pertinentes pour d’autres pays dans le monde. L’IIPE a posé quelques questions à la présidente du panel : Anne-Berit Kavli, de la Direction de l’éducation et de la formation de Norvège et actuellement à l’IIEP pour un détachement de neuf mois.

IIPE : La façon dont sont utilisées les données d’évaluation des apprentissages est une question majeure pour la communauté de l’éducation mondiale. De quels exemples de la région d’Asie pouvez-vous nous parler, qui justement, utilisent ces données d’évaluation pour améliorer les apprentissages ?

Anne-Berit Kavli : Avec l’arrivée des nouveaux objectifs de développement durable dans l’éducation, qui met l’accent sur l’importance des apprentissages pertinents et de qualité pour tous, l’utilisation des évaluations pour suivre et améliorer les acquis de ces apprentissages devient cruciale. La région d’Asie est particulièrement intéressante car c’est là que sont les pays qui obtiennent les scores les plus élevés ainsi que les pays qui ont progressé le plus rapidement dans les évaluations internationales telles que PISA et TIMSS. Et en même temps, de nombreux pays d’Asie font encore face à de gros défis en termes de systèmes éducatifs.

Lors de cette session à CIES, nous nous concentrons sur l’utilisation des évaluations à l’échelon du système pour améliorer les apprentissages, et, dans ce contexte, cela signifie qu’il faut prouver en quoi le système scolaire réussit à atteindre les objectifs d’éducation, et essayer de définir les facteurs à associer à des apprentissages efficaces. L’étude PASEC, menée dans trois pays d’Asie, Cambodge, Lao PDR et Vietnam, en 2010-2011, a évalué les acquis des élèves en langue et en mathématiques au début et à la fin du cycle d’école primaire. Les outils d’évaluation étaient basés sur des tests et des questionnaires, et les résultats scolaires étaient analysés et mis en relation avec une importante base d’informations sur le contexte et les conditions d’apprentissage. Suite à ces analyses, l’étude a identifié et émis des recommandations sur les domaines d’amélioration pour chaque pays.

Un autre exemple intéressant pour l’Asie est le développement d’une nouvelle évaluation régionale appelée : Southeast Asia Primary Learning Metric (SEA-PLM). La SEA-PLM a pour objectif de contribuer à redéfinir et améliorer les acquis des apprentissages en procurant des métriques adaptées culturellement à la région et ainsi avancer vers une éducation plus équitable, utile et de qualité pour tous les enfants de cette région. En d’autres termes, cette évaluation va mettre en avant l’intérêt, en Asie, d’apprentissages adaptés à des contextes culturels spécifiques. Le SEA-PLM évaluera les apprentissages sur trois domaines au grade 5 : l’alphabétisation, le calcul et la citoyenneté mondiale (en se basant sur les valeurs d’Asie du sud-est). C’est une initiative très intéressante, car elle reconnaît l’importance et la pertinence culturelle en éducation, et en même temps, elle permet de réaliser un benchmark utile pour des métriques d’apprentissage mondiales.

IIPE : Et comment l’utilisation des évaluations des apprentissages en Asie peut-elle être mise en relation avec d’autres régions du monde ?

Anne-Berit Kavli : Comme je le mentionne plus haut, de nombreux pays d’Asie participent de façon très active à des évaluations plus étendues à des niveaux régionaux ou internationaux et c’est dans cette région que nous trouvons les pays qui obtiennent les meilleurs scores. L’éducation et la réussite dans l’éducation semblent être très importants et très valorisés dans cette région et les étudiants ont des attentes très élevées à la fois à la maison et à l’école.

IIPE : Comment ce travail entre-t-il en relation avec les autres projets sur lesquels vous travaillez durant votre détachement à l’IIPE ?

Anne-Berit Kavli : Durant mon détachement à l’IIPE cet hiver, j’ai eu le privilège d’être intégrée à de nombreux projets et activités de l’Institut. Par exemple, le nouveau portail de l’IIPE Learning Portal, pour lequel j’ai été très impliquée dans le développement de la section sur le Suivi des apprentissages. Tant cette session sur l’utilisation des évaluations pour les politiques et la planification que plusieurs autres sessions de CIES sont très pertinentes pour le développement à venir de ce portail dédié aux apprentissages. J’ai aussi travaillé sur des analyses du secteur éducatif et de la planification avec deux pays très différents, et je vois que beaucoup des exemples présentés lors de la conférence CIES pourraient être utiles pour la suite du travail avec ces pays. En particulier la compréhension de l’éducation dans un contexte culturel, et comment l’utilisation des évaluations doit être vue dans ce contexte pour devenir un outil pertinent et utile pour l’amélioration de l’éducation.