Financer l'éducation en Afrique

Les gouvernements africains consacrent une part importante de leur budget à l’éducation, et la contribution des ménages est elle aussi très élevée. In The IIEP Letter, Dans la Lettre de l'IIPE, Guillaume Husson, du Pôle de Dakar de l'IIPE, s'interroge sur les voies possibles pour financer une éducation de qualité pour tous.

L’Afrique connaît depuis plusieurs années une croissance soutenue, avec une hausse du PIB de 4,3 % en moyenne entre 2000 et 2015. Pourtant, les politiques publiques, notamment en faveur de l’éducation, sont insuffisamment financées malgré l’augmentation des dépenses publiques dans le secteur de l’éducation. Les ménages contribuent massivement au financement de l’éducation, couvrant en moyenne un tiers des coûts.

Cela a de sérieuses répercussions sur l’éducation de millions d’enfants, en particulier ceux des familles les plus pauvres. Pour faire face aux enjeux d’Éducation 2030, il est impératif de trouver des ressources supplémentaires et alternatives pour améliorer le financement de l’éducation. Trois pistes s’offrent aux responsables de la politique d’éducation fin d’améliorer le financement au cours des années à venir : les ressources publiques, l’aide extérieure et des financements innovants.

Les ressources publiques

Une utilisation plus efficace et plus équitable des fonds publics alloués à l’éducation permettrait de trouver de nouvelles sources de financement. En effet, en termes d’appropriation publique des ressources éducatives par individu, il existe d’importantes disparités de genre, de situation géographique et de niveau de richesse des ménages. Par exemple, les plus riches s’approprient en moyenne 8,6 fois plus de ressources publiques en éducation que les plus pauvres. Pour atteindre l’objectif d’une éducation de base universelle et de qualité, il faut réorienter les ressources au profit des plus défavorisés. En Afrique, les difficultés de scolarisation touchent de façon disproportionnée les zones rurales peu développées, pauvres en infrastructures sociales et déficitaires en nombre d’enseignants. Pour les décideurs politiques, ces zones constituent un levier d’action potentiel. En s’attaquant aux inégalités géographiques, il est possible de réduire les inégalités sociales associées.

L'aide extérieure

Pour atteindre les objectifs d’Éducation 2030 il faudrait que la communauté internationale augmente ses efforts. À la suite de la crise financière internationale de 2007-2008, l’aide extérieure aux pays africains (exprimée en pourcentage du PIB de ces pays) a diminué progressivement pour atteindre 0,45 % du PIB en 2015 (contre 0,86 % en 2002). La conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation qui s’est tenue à Dakar en février 2018 a pourtant montré que les donateurs pouvaient s’engager à donner davantage.

Des financements innovants

Des solutions alternatives sous la forme d’outils de financement innovants peuvent être trouvées et mises en œuvre sur l’ensemble du continent. C’est le cas en particulier pour la formation professionnelle et l’enseignement supérieur où le secteur économique privé, par le développement de partenariats public-privé, peut contribuer au financement de filières de formation en lien avec la demande économique.

Ces trois sources de financement sont crédibles et offrent un potentiel important. S’il reste un long chemin à parcourir, certains pays prennent d’ores et déjà des mesures pour améliorer l’efficacité des dépenses publiques, par exemple en répartissant de façon plus équitable les enseignants et le matériel entre les écoles. Par ailleurs, l’implication du secteur privé est désormais au cœur des stratégies de rénovation des politiques de formation professionnelle.

Ces sources de financement alternatives et supplémentaires doivent être recherchées avec détermination, car elles sont essentielles pour atteindre les objectifs d’une éducation de qualité pour tous.

Lisez le reste de la Lettre de l'IIPE ici !