Journée mondiale de la Terre : planifier l’éducation, protéger notre planète

22 Avril 2022

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Jean Claude Ndabananiye/IIEP-UNESCO
Students leaving their school located in Greater Monrovia (Montserrado County).

Rédigé par Karen Mundy, directrice de l'IIPE, ce blog a été publié initialement par le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE).

Maintenant que la chaleur fait rage dans le secteur du Grand Monrovia (au Libéria), les élèves se relaient pour quitter la salle de classe et trouver un peu de répit. « Les journées sont de plus en plus chaudes », expliquent les enseignants du secondaire de cette région, et les élèves ont parfois du mal à se concentrer.

De nombreux pays sont confrontés à ce problème et 2020 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée.

L’élévation du niveau de la mer est une autre menace, qui pourrait mettre en danger quelque 675 000 Libériens dans le secteur du Grand Monrovia d’ici 2030. Les conséquences pourraient être dévastatrices pour l’éducation, car la montée des eaux, qui devrait atteindre 16 centimètres, pourrait endommager les écoles et provoquer un fort absentéisme des enseignants et des apprenants.

Il faut agir au plus vite pour éviter le pire et se préparer aux effets de la crise climatique. Partout dans le monde, les plus vulnérables et les plus marginalisés sont les premières victimes du changement climatique.

Selon le Rapport mondial sur le déplacement interne 2021, publié par le Centre de surveillance des déplacements internes, les sécheresses, les températures extrêmes, les glissements de terrain et les inondations ont entraîné le déplacement de 30 millions de personnes en 2020, dont près de la moitié étaient des enfants d’âge scolaire.

Pour aussi considérables que les retombées du changement climatique sur l’enseignement et l’apprentissage puissent être, l’éducation peut toutefois aussi contribuer à la lutte contre ce dernier et à la mise en place de mesures d’atténuation et d’adaptation — en particulier si les pays se dotent de solides stratégies sectorielles prenant en compte les enjeux climatiques.

La Journée internationale de la Terre nourricière, le 22 avril, est l’occasion de tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 qui a provoqué une baisse significative de l’accès des enfants à l’éducation et à l’apprentissage dans le monde entier, par suite du manque de préparation aux catastrophes.

Il est temps de prendre des mesures climatiques ambitieuses pour l’éducation, en commençant par planifier les actions de manière concertée et en améliorant la gestion
de ce secteur.

Les politiques et plans sectoriels de l’éducation doivent tenir compte du changement climatique

Au Libéria, le ministère de l’Éducation prépare, en collaboration avec l’IIPE-UNESCO, le prochain plan sectoriel de l’éducation du pays. Ce dernier comprendra, pour la première fois, des mesures climatiques visant à renforcer la résilience et remédier aux inégalités.

Les planificateurs et gestionnaires de l’éducation d’autres régions du monde, soucieux d’adopter une approche de planification tenant compte des possibilités de crises, pourront tirer parti de l’expérience acquise par leurs pairs au Burkina Faso, au Guyana, en Jordanie, au Kenya, au Liberia, à Madagascar et au Viet Nam.

Dans ces pays, les ministères de l’Éducation s’efforcent d’anticiper les effets négatifs du changement climatique et de prendre des mesures pour réduire autant que possible les conséquences qu’il peut avoir sur l’éducation.

Nous avons tous pour objectif de veiller à ce que toutes les politiques, stratégies et plans sectoriels de l’éducation tiennent compte du changement climatique. Pour ce faire, nous devons nous assurer que :

  • Les ministères de l’Éducation disposent d’informations concernant l’éducation et d’autres domaines (notamment les données de modèles de changement climatique et environnemental et les statistiques relatives aux mouvements de population) sur lesquelles ils peuvent se fonder pour planifier leur action et prendre des décisions afin d’assurer la continuité de l’éducation, en particulier pour les populations les plus touchées.
  • Les ministères de l’Éducation et leurs partenaires renforcent leurs capacités individuelles, organisationnelles et institutionnelles pour analyser les risques climatiques, planifier la préparation et développer des stratégies d’atténuation, et pour répondre aux besoins des apprenants et des enseignants déplacés.
  • Les plans sectoriels de l’éducation accordent une plus grande attention aux infrastructures scolaires et assurent la sécurité et la résilience des écoles face au changement climat en les déplaçant, en les modernisant, en les remplaçant et en construisant des infrastructures résistantes aux aléas climatiques.
  • Les stratégies sectorielles visent à transformer l’enseignement et l’apprentissage afin que les écoles puissent aider les enfants et les jeunes à prendre des décisions fondées et à faire preuve d’initiative — pour limiter les émissions de carbone et mettre au point et utiliser de nouvelles technologies à haut rendement énergétique.

Le secteur de l’éducation a besoin de financements pour faire face au changement climatique

L’apport de financements permettant à l’éducation de faire face au changement climatique exige la mise en place d’un environnement financier et de mécanismes des marchés publics propices aux investissements dans une éducation résiliente face au changement climatique.

Cette approche suppose également l’octroi d’un soutien financier aux ménages ayant de faibles revenus et vulnérables, notamment les communautés déplacées, exposés aux catastrophes climatiques, ainsi que de fonds d’urgence pour la prévention et la riposte aux catastrophes climatiques.

Il faut permettre à l’éducation de contribuer à l’apport d’une solution

L’éducation doit être intégrée aux stratégies de lutte contre le changement climatique, et ce à tous les niveaux de décision, local, national, régional ou mondial.

Les politiques d’éducation elles-mêmes doivent s’appuyer sur les expériences et les priorités locales et prévoir des mesures visant à renforcer la résilience du système éducatif face au changement climatique, notamment en collaborant avec d’autres secteurs.

L’IIPE-UNESCO s’efforce, en collaboration avec les ministères de l’Éducation à travers le monde, d’améliorer les capacités des pays à gérer les risques de manière globale, pour que tous les acteurs de l’éducation — les communautés, les élèves, les enseignants, les responsables au niveau intermédiaire, les ministères centraux de l’Éducation et les autres ministères de tutelle — puissent anticiper le changement climatique et s’y préparer.

Le moment est venu d’agir

Les stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique sont plus efficaces lorsqu’elles sont bien planifiées et budgétisées, soutenues par des politiques nationales et locales, coordonnées entre différentes entités gouvernementales et non gouvernementales, financées de manière durable et appuyées par de solides procédures de passation des marchés.

Il importe, pour pouvoir planifier un secteur de l’éducation prenant en compte le changement climatique — notamment les facteurs exposant certaines populations à des risques disproportionnés — et tirant parti de la capacité de l’éducation à faire face aux effets potentiels du changement climatique et à les atténuer, de commencer par mettre en place des systèmes éducatifs préparés à cette fin.

Il est plus important que jamais de soutenir la capacité des ministères de l’Éducation à planifier et à mettre en œuvre des politiques et des stratégies prenant en compte le climat.