MAURITANIE : EXPLORER DE NOUVELLES PISTES POUR INTÉGRER LES ÉTUDIANTS DANS LA VIE PROFESSIONNELLE

  Par Olivier Pieume et Koffi Segniagbeto, IIPE-Pôle de Dakar

 

Une étude du Pôle de Dakar porte sur la nécessaire adéquation entre enseignement supérieur et économie en évolution. 

En Mauritanie, où le secteur de l’enseignement supérieur (ES) est beaucoup moins développé que celui des autres pays de la sousrégion, les étudiants sont pourtant plus nombreux à poursuivre des études supérieures longues plutôt que courtes. En effet, d’après les résultats du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2013), 72 % des diplômés de l’université ont un diplôme supérieur ou égal à la maîtrise. Cette situation semble en contradiction avec la configuration économique du pays, dominée à 85 % par des emplois informels non qualifiés. La situation mauritanienne est assez singulière, car même dans les pays de l’OCDE où le secteur informel est faible, la majorité des diplômés de l’enseignement supérieur a des diplômes inférieurs ou égaux à la licence (dans les pays de l’OCDE par exemple, 63% des diplômés du supérieur ont un diplôme inférieur ou égal à la licence. Le taux est même estimé à plus de 80 % au Canada). 

Pour renforcer l’efficacité externe du sous-secteur il est nécessaire de diversifie les filières professionnelles et d’améliorer la gestion du flux des bacheliers à l’entrée de l’enseignement supérieur. L’accès aux formations courtes centrées sur les secteurs porteurs de l’économie compte parmi les mesures à envisager. Les projections montrent que d’ici à 2030, la plupart des diplômés trouveront leurs emplois dans les secteurs de la manufacture, de l’eau et de l’énergie. Le nombre d’emplois nécessitant un haut niveau de qualification dans ces secteurs devrait être multiplié par 6 dans les quinze années à venir (voir tableau). En revanche, dans les secteurs de la pêche et des mines, environ un quart des emplois disponibles devrait disparaître par rapport à aujourd’hui. 

Si la couverture de l’enseignement supérieur en Mauritanie est en deçà de celle des pays comparables, son expansion devra impérativement se faire par le développement de formations courtes professionnalisantes, plus porteuses sur le marché du travail. Pour ce faire, le sous-secteur devra se doter d’une véritable structure d’orientation universitaire et professionnelle. L’absence actuelle d’une telle structure est une occasion manquée pour les étudiants, durant leur cursus et une fois diplômés, d’avoir accès à l’information sur les opportunités offertes sur le marché du travail. Ce qui est un frein majeur à une meilleure insertion professionnelle des diplômés. 

 

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