Planifier en situation de crise – L’apport des systèmes éducatifs pour préparer et prévenir

06 Avril 2016

Tous les dangers, qu’ils soient naturels ou humains, ne mènent pas nécessairement à des situations de crise. Mais lorsque les systèmes éducatifs sont le plus souvent impactés par des conflits et désastres naturels, certaines mesures peuvent être mises en œuvre pour atténuer le risque et augmenter efficience et équité.

Les ministères de l’Education en sont d’ailleurs de plus en plus conscients et des pays tels que le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Mali, le Burkina Faso, et d’autres, ont commencé à travailler sur la planification en cas de crises, avant même leur apparition.

Faire de la planification adaptée aux situations de crises, quelles implications ?


La planification adaptée aux situations de crises démarre avec une analyse du risque, ou comme certains l’appellent, une analyse du risque de conflit et de catastrophe. De nombreux outils existent pour développer ce type d’analyse, tels que l’ « Analyse rapide de l’éducation et du risque », Rapid Education and Risk Analysis (RERA) ou encore les ressources développées par l’IIPE-UNESCO et PEIC. Ensuite, cette analyse vient alimenter la politique à développer et le plan à mettre en œuvre. Si on veut qu’une stratégie de réduction des risques soit mise en œuvre de manière effective, il sera également nécessaire de définir son coût et son financement.

L’essentiel à retenir est que si l’objectif est de développer des systèmes éducatifs nationaux qui s’adaptent aux situations de crise et contribuent à la cohésion sociale et à l’instauration de la paix, le travail de planification, dans ce contexte, doit être relié aux processus et systèmes gouvernementaux.

  • En s'assurant que le gouvernement s'approprie de cette analyse de réduction des risques. Idéalement, une telle analyse devrait être réalisée au moment de l’analyse du secteur éducatif (ASE). Au cœur de la stratégie se trouve l'idée que le gouvernement concerné doit mener le processus du développement de la méthodologie, la mise en place de la collecte de données et prépare l’analyse. Les ministères, tels que ceux du Burkina Faso, du Mali et actuellement du Soudan du Sud, ont été pionniers dans ce domaine grâce à des soutiens de partenaires comme l’IIPE-UNESCO, UNICEF, USAID, PEIC, Search for Common Ground, et d’autres.

  • En utilisant les données et outils de collecte de données appartenant aux gouvernements. Au Mali, par exemple, le ministère de l’Education, en coordination avec des partenaires du développement, a développé un questionnaire pour réaliser des enquêtes par échantillonage pour analyser les effets de différents risques sur le système. Au Soudan du Sud, les données officielles du Système d’information sur la gestion de l’éducation (SIGE) ont été fusionnées avec l’index de vulnérabilité d’OCHA, afin de faire ressortir la façon dont les vulnérabilités liées au conflit, au déplacement, à l’insécurité alimentaire et aux épidémies affectent le système éducatif.

  • En faisant travailler ensemble les membres officiels du gouvernement et les partenaires humanitaires (ou ceux qui ont conduit l’analyse) durant le processus de planification. Idéalement, comme nous venons de le voir, les analyses de risques devraient faire partie de l’analyse plus large du secteur de l’éducation, afin d’identifier les stratégies de réduction des risques possibles. Ces stratégies doivent être vues comme des opportunités, aussi bien pour les partenaires humanitaires ou de développement, de travailler ensemble et investir dans la construction de systèmes sur le long terme. Cela peut représenter un défi en termes de calendrier. Par exemple, un pays peut alors être au milieu de la mise en œuvre d’un plan s’étalant sur cinq ans. Cependant, il est possible d’intégrer l’analyse du risque au moment de révisions annuelles ou de mi-parcours. Au Soudan du Sud, le cluster éducation, le HCR, et les ONG humanitaires locales, ont tous été impliqués dans l’analyse du secteur éducatif (ASE) adaptée aux situations de crise qui vient d’être finalisée. On espère désormais qu’ils puissent tous prendre part au développement du nouveau plan du secteur éducatif et que des décisions innovantes seront prises pour la suite dans la coordination entre les programmes de développement et les programmes humanitaires.

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