Quel impact l’assurance qualité interne a-t-elle sur la qualité et l’employabilité ?

  Par Michaela Martin and Christine Emeran, IIEP-UNESCO

 

L’expérience de huit universités donne une idée de la façon dont les établissements d’enseignement supérieur contrôlent la qualité de leur enseignement et améliorent les perspectives d’avenir pour les diplômés. 

De nos jours, l’évolution rapide et la transformation constante sont des thèmes récurrents dans l’enseignement supérieur. Le secteur se développe à un rythme soutenu, les établissements d’enseignement supérieur et les programmes se sont beaucoup diversifiés et l’enseignement privé est très courant. Dans ce contexte, la qualité des établissements et de leurs programmes est de plus en plus examinée, suscitant un peu partout dans le monde la mise en place de mécanismes d’assurance qualité externe. Pour contrôler la qualité des établissements d’enseignement supérieur ou de leurs programmes, les gouvernements confient également à des organismes externes la mission d’effectuer un état des lieux, dans le cadre de procédures d’agrément, d’audit de qualité ou d’évaluation. 

Un peu partout dans le monde – et au départ sous l’effet d’une pression extérieure –, de nombreux établissements d’enseignement supérieur ont renforcé leurs processus pour garantir la qualité académique et l’employabilité des futurs diplômés en mettant en place des mécanismes d’assurance qualité interne. Par exemple, beaucoup revoient régulièrement leurs programmes académiques et s’assurent de leur adaptation au marché du travail. Pour cela, ils collectent systématiquement des données auprès des étudiants, des diplômés et des employeurs. Mais en même temps, ils rencontrent de nombreuses difficultés pour mettre en œuvre des méthodes d’assurance qualité interne. Leurs systèmes d’information sont souvent insuffisants pour analyser la qualité, si bien que les informations recueillies ne sont pas exploitées pour la planification, l’affectation des ressources et la prise de décision. En outre, il y a souvent au sein des établissements des résistances à l’assurance qualité interne (AQI).  

L’IIPE, chef de file de la recherche comparative sur l’AQI

En 2014, l’IIPE a lancé un projet international de recherche sur les solutions efficaces d’AQI pour les systèmes d’enseignement supérieur. Ce projet comprend huit études de cas recueillies en Afrique du Sud, en Allemagne, en Autriche, au Bahreïn, au Bangladesh, au Chili, en Chine et au Kenya. Ces exemples ont été choisis pour leurs pratiques innovantes et la rigueur de leurs principes d’AQI. Une étude internationale a été menée sur les systèmes d’AQI de dernière génération auprès d’un large échantillon d’établissements d’enseignement supérieur. Les études de cas ont adopté une approche multilatérale, avec une enquête sur la façon dont les personnels académiques et administratifs perçoivent l’AQI, ainsi que des entretiens approfondis avec des responsables, des administrateurs et des étudiants. Le but général était d’illustrer les approches et les options qui peuvent être considérées comme de bons principes et servir de source d’inspiration pour d’autres établissements d’enseignement supérieur désireux de concevoir et développer leur propre système d’AQI. 

L’AQI, pour inciter à engager des réformes

Le projet de recherche a montré que, dans les établissements étudiés, l’AQI avait contribué au lancement d’un grand nombre de de réformes, en particulier dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage, où l’introduction de l’AQI a généralement amélioré la cohérence interne des programmes d’études ainsi que leur adéquation avec les besoins du marché du travail. L’AQI a en outre permis de rationaliser et de mieux intégrer les processus de gestion à l’analyse des données et à l’évaluation. L’AQI a par ailleurs incité les universités à renforcer leurs systèmes d’information de gestion et à améliorer leur capacité de prendre des décisions fondées sur des données, en recueillant des données d’enquête auprès d’intervenants internes et externes. 

Les données de recherche ont également mis en lumière un certain nombre de facteurs communs de réussite, même s’ils dépendent largement du contexte propre à chaque établissement. Dans l’ensemble, les universités participantes ont admis que le soutien de la direction et la contribution des parties prenantes jouaient un rôle capital. L’efficacité du système d’AQI dépend en outre beaucoup du degré de connaissance des outils et de participation aux processus. D’après l’enquête, les étudiants et le personnel estiment ne pas avoir suffisamment de retour d’information sur certains outils d’AQI, notamment les évaluations des cours ou les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des étudiants. Enfin, les données fournies par certains outils ne sont pas toujours utilisées de façon optimale par leurs destinataires. Par exemple, les résultats des études de suivi des diplômés sont plus souvent exploités par le personnel administratif que par les universitaires chargés de la révision des programmes d’études. L’AQI est donc plus efficace quand elle génère un dialogue interne régulier sur la qualité. Ce dialogue favorise une culture de la qualité – culture qui est par ailleurs le but ultime de l’AQI – et ouvre la voie à l’amélioration de la qualité des études et de l’employabilité des diplômés. 

 

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