Redonner un nouveau souffle à l’enseignement supérieur en Inde

    Par N.V.Varghese,Director, CPRHE/ NUEPA, New Delhi 

 

Les effectifs de l’enseignement supérieur augmentent. L’enjeu est actuellement de réussir à promouvoir l’équité et la qualité dans un pays marqué par les disparités sociales et régionales.

Un peu partout dans le monde, ce siècle a connu un regain de réformes dans le secteur de l’enseignement supérieur. C’est notamment le cas en Inde. Plusieurs réformes récemment adoptées ont favorisé l’expansion du système et permis d’améliorer la qualité et la pertinence de l’enseignement.

Élargir le système

Le secteur de l’enseignement supérieur (ES) indien est passé d’une période de développement lent et de faibles taux bruts d’inscription (TBI) à une période d’essor sans précédent. Au cours des 15 dernières années, les effectifs d’étudiants ont quadruplé pour atteindre 34 millions en 2015-2016, avec un TBI de 24 %. Le système éducatif indien dépasse désormais en taille celui des États-Unis et se place au deuxième rang mondial, derrière la Chine.  

La massification du système éducatif a reposé en grande partie sur des financements privés. Les réformes favorables au marché introduites par l'État comprennent des mesures de recouvrement des coûts dans les institutions publiques et favorisent la privatisation des universités. Si au début le processus a été lent, les universités privées sont en train de se multiplier et représentent actuellement plus de 60 % des établissements et des effectifs. La massification de l’ES en Inde s’accompagne d’une persistance des inégalités sociales et du creusement des disparités régionales en termes d’effectifs étudiants. 

Améliorer la qualité

Afin d’améliorer la qualité de l’ES, l’Inde a créé des agences d’assurance qualité externe ainsi que des mécanismes d’assurance qualité interne. Bien que l’agrément soit obligatoire pour obtenir des fonds publics, la majorité des établissements d’ES privés ne sont toujours pas agréés. 

Le classement est une autre initiative mise en place pour améliorer la qualité. Les établissements indiens ne sont pas bien placés dans le classement mondial des universités. C’est pourquoi le gouvernement a lancé en 2015 un classement national baptisé « National Institutional Ranking Framework » (NIRF). Les premiers résultats, publiés en avril 2016, montrent clairement que les établissements les mieux classés sont pour la plupart des universités centrales financées par l’État.

Certains sont convaincus que la création d’universités de stature internationale permettra à l’Inde de remonter dans les classements mondiaux. D’où l’idée du gouvernement de soutenir la création de 20 universités d’envergure internationale dans un proche avenir. Il semble que l’Inde, comme beaucoup d’autres pays en développement, soit engagée dans un processus de conversion accélérée d’établissements existants en universités de stature internationale. 

Renforcer l’adéquation avec le monde du travail

Malgré l’essor du secteur, de nombreux employeurs indiens ont perdu confiance dans la qualité des qualifications dispensées par les universités du pays. Ils se demandent si ces universités dotent leurs étudiants des qualifications et des compétences recherchées par le marché du travail. Pour rétablir la crédibilité des titres universitaires et renforcer leur adéquation avec le monde du travail, l’Inde a entrepris d’élaborer un cadre national des diplômes de l’enseignement supérieur (NHEQF, pour National Higher Education Qualification Framework), fondé sur les résultats d’apprentissage, l’employabilité et les compétences. Cette mesure fait suite à la mise en place du cadre national des titres et des qualifications (NSQF, pour National Skills Qualification Framework), élaboré en 2013.

Regarder vers l’avenir

La massification de l’enseignement supérieur s’accompagne du creusement des disparités régionales, de la persistance des inégalités sociales et de la marchandisation du secteur. Il s’agit maintenant de s’attaquer aux problèmes d’équité et de diversité, afin d’offrir un enseignement supérieur abordable et de qualité dans un contexte de réformes obéissant aux lois du marché. On espère que la politique nationale d’éducation en cours d’élaboration permettra de régler quelques-uns de ces problèmes. 

 

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