3 leviers pour attirer les futurs enseignants

23 Septembre 2020

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A teacher in a classroom, New York City (USA)
New York City Department of Education
Un enseignant dans une salle de classe à New York
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A teacher in a classroom, New York City (USA)
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A teacher in a classroom, New York City (USA)

À quelques exceptions notables, les ministères de l’Éducation font tous face à un même défi : attirer et retenir des professeurs qualifiés et motivés. Dans leur projet de recherche dédié aux réformes des carrières enseignantes, des chercheuses de l’IIPE ont identifié plusieurs mesures susceptibles d’avoir un effet positif sur l’attractivité et la motivation des enseignants, au-delà de la question cruciale de la rémunération. Gros plan sur trois d’entre elles.

« Ces dernières décennies, le statut de la profession enseignante a connu un déclin partout dans le monde, en termes de salaire, de considération et de conditions de travail », constate la Banque Mondiale dans son Rapport sur le développement dans le monde 2018. La rémunération, et plus largement l’environnement de travail et la stabilité de l’emploi, restent des besoins de base qui conditionnent toute tentative de revalorisation des professions enseignantes. Toutefois, d’autres facteurs entrent en compte dans les mécanismes d’attractivité et de motivation. 

1. La diversification des possibilités d’avancement professionnel 

Certains pays ont mis en place des parcours professionnels, offrant aux enseignants des possibilités de mobilité à la fois verticale et horizontale. Les chercheurs de l’IIPE ont notamment observé ce type d’échelle de carrière en Lituanie, au Mexique, au Pérou, en Afrique du Sud et en Thaïlande. L’avantage de cette approche : elle permet aux professeurs de postuler à de nouveaux postes au sein de l’école, sans forcément devoir renoncer à leur métier en salle de classe. 

Particulièrement plébiscitée pour son efficacité, la structure de la carrière des enseignants à Singapour donne la possibilité à tout professeur de choisir entre trois filières professionnelles. Chaque enseignant peut ainsi contrôler l’orientation et la progression de sa carrière en fonction de ses aspirations pour la pédagogie, le management scolaire ou pour une discipline en particulier. 

Dans les recherches menées en Afrique du Sud, l’IIPE a observé que l’élargissement des possibilités d’avancement était apprécié des enseignants et avait un effet positif sur leur sentiment d’autonomie. 

2. Le développement et la formalisation des pratiques collaboratives 

Coaching ou mentoring entre pairs ; visites de la salle de classe des collègues pour observer, apprendre des autres et échanger sur ses pratiques mutuelles… Bien que ces pratiques informelles ne soient pas nouvelles, certains pays ont pris le parti de les formaliser. À New York, les fiches de poste de certains enseignants mentionnent explicitement leur rôle de soutien vis-à-vis des autres membres de l’équipe éducative, avec des temps spécifiquement dédiés aux activités collaboratives. Parmi les bénéfices constatés, l’IIPE pointe un impact positif sur le sentiment d’isolement des enseignants dans leur salle de classe et un effet plutôt encourageant en termes d’attractivité observé par les chefs d’établissement locaux. 

À New York :  « Les enseignants ‘tête de file’ expliquent que la collaboration est perçue comme motivante car elle permet de rompre avec une culture consistant à enseigner porte fermée. Elle valorise les enseignants quand ils peuvent aider leurs pairs et stimule leur réflexion ».
Source: publication IIEP-UNESCO – "Teacher carreer reforms: Learning from experience”, p.51

3. La modification des conditions d’accès à la profession d’enseignant 

Dans plusieurs des pays observés, la modification des procédures de sélection des enseignants a eu des effets bénéfiques pour redorer le blason de la profession. C’est le cas en Colombie, suite à la mise en place, au début des années 2000, d’un concours d’entrée plus compétitif et transparent, réservé aux seuls titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. 

En réalité, les causes de la désaffection globale pour la profession d’enseignant varient selon les territoires.  Dans les pays à faible niveau de revenu, l’expansion rapide de l’accès à l’éducation a souvent requis des recrutements de grande ampleur, entraînant une certaine ‘déprofessionnalisation ‘du métier. Ainsi, le recours massif à des enseignants moins qualifiés, mais également la corruption ou le népotisme observé par endroits, ont durement impacté le prestige de la profession. Et donc son attrait. Dans les « pays du Nord », cette perte d’attractivité est plutôt liée à la dégradation des conditions de travail et de la rémunération.