Adieu 2018 ! Tour d’horizon des principaux enseignements de l'année en matière de politique éducative internationale

15 Janvier 2019


Retour sur les faits marquants de l’année dernière à la lumière des principaux rapports et événements qui influeront sur le paysage éducatif international cette année. Le besoin urgent d’affronter la crise mondiale des apprentissages est l'un des grands enjeux de l’éducation aujourd’hui. D’après l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), plus de 617 millions d’enfants et d’adolescents n’ont toujours pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul.

Face à la crise actuelle des réfugiés et des migrants, des mesures politiques supplémentaires sont nécessaires pour tenter de surmonter les défis qu’elle représente au sein des systèmes éducatifs. Le sous-financement de l’éducation des réfugiés dans le monde reste un problème majeur (Rapport GEM, 2018). Enfin, la mise à disposition en temps utile de données fiables à l’échelle nationale, régionale et internationale est fondamentale pour progresser sur la voie de l’ODD 4, de l’enseignement préscolaire jusqu’au niveau universitaire et l’éducation des adultes.

Réunion mondiale sur l’éducation

Au terme d’une année marquée par des avancées essentielles dans le domaine des politiques éducatives internationales, la première Réunion mondiale sur l’éducation s’est tenue à Bruxelles, en Belgique, avec pour objectif d’examiner les progrès accomplis dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 depuis son adoption en 2015. Face aux conséquences potentielles de la crise actuelle des apprentissages, cette réunion de haut niveau a principalement porté sur les thèmes suivants : 1) autonomiser les personnes et assurer l’inclusion et l’égalité entre les genres dans l’éducation ; 2) garantir le droit à l’éducation des migrants et des réfugiés ; 3) repenser le rôle des enseignants dans un paysage en pleine évolution ; 4) la qualification et la requalification pour la vie et le travail. La réunion a notamment donné naissance à la Déclaration de Bruxelles, qui met en exergue les principaux messages et engagements de la réunion.


Rapport sur les données de l’ODD 4 : des données pour promouvoir l’apprentissage

Lancé en décembre, le Rapport 2018 sur les données de l’ODD 4 : des données pour promouvoir l’apprentissage souligne l’importance du suivi de l’apprentissage, de l’éducation préscolaire jusqu’aux programmes d’alphabétisation pour adultes. Il propose une série de bonnes pratiques pour éclairer les indicateurs d’apprentissage de l’ODD 4. Publié par l’Institut de statistique de l’UNESCO, ce rapport a pour objectif essentiel d’aider les gouvernements à utiliser efficacement les données afin d’assurer une éducation de qualité. Il met en avant le travail de l’Alliance mondiale pour le suivi de l’apprentissage (GAML), qui collabore avec les pays pour concevoir des indicateurs et des outils méthodologiques permettant de mesurer les progrès accomplis en vue de la réalisation de l’ODD 4. Le rapport recommande aussi une participation accrue aux grandes évaluations internationales ou régionales, une décision qui serait économiquement rentable pour les donateurs et les gouvernements. Selon les estimations de l’ISU, « des données fiables sur l’apprentissage, permettant d’évaluer si les approches marchent ou si des réformes sont nécessaires, pourraient améliorer l’efficacité des dépenses éducatives de 5 %, soit une économie en moyenne de 30 millions de dollars par an et par pays, qui financerait le coût de plusieurs dizaines d’évaluations ».

Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2019

Les questions de migration et de déplacement font partie des priorités en matière de politique internationale. Après l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (2018), le dernier Rapport GEM propose une série d’études de cas, ainsi que des recommandations pratiques à tous les acteurs du domaine qui ambitionnent de régler les problèmes liés à l’éducation et la migration. D’après le rapport, en moyenne, un individu sur huit est un migrant interne qui a quitté sa région d’origine, un individu sur trente est un migrant international et un sur quatre-vingts est déplacé du fait d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle. Le rapport identifie les différentes incidences des mouvements de population sur la prestation de services d’éducation de qualité et l’accès à ces derniers, ainsi que leurs implications pour chaque migrant et réfugié d’une part, et pour les communautés d’accueil d’autre part.

Regards sur l’éducation 2018 (OCDE)

Avec un chapitre consacré à l’ODD 4.5 (équité en matière d’éducation), l’édition 2018 du rapport Regards sur l’éducation, publié en septembre, s’intéresse tout particulièrement aux répercussions sur les acquis scolaires de variables telles que le genre, le niveau de formation des parents, le statut au regard de l’immigration ou l’implantation régionale. Parmi ses principales conclusions, le rapport souligne que, si les disparités entre les genres sont favorables aux filles au sein du système scolaire, elles restent à l’avantage des hommes sur le marché du travail. En ce qui concerne la profession enseignante, le déséquilibre entre hommes et femmes persiste : au niveau préscolaire, la plupart des enseignants sont des femmes, mais celles-ci ne représentent plus que la moitié du corps enseignant au niveau universitaire. Même s’il reste difficile de recruter des enseignants de sexe masculin, principalement à cause du manque de prestige de la profession et des bas salaires, le rapport met en évidence qu’entre 2005 et 2017 (en moyenne, dans les pays de l’OCDE où des données sont disponibles), les salaires déclarés des enseignants du primaire et du secondaire avec 15 ans d’expérience sont passés de 5 à 8 %.


Rapport 2018 de la BID sur la profession enseignante

Publié en juillet 2018 par la Banque interaméricaine de développement, le livre Profession : professeur en Amérique latine, pourquoi le prestige du métier a-t-il disparu et comment le retrouver ? propose une analyse historique et politique de sept pays latino-américains — l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Mexique et le Pérou — sur la question de la perte de prestige de la profession enseignante dans la région. Il porte sur deux aspects principaux : les facteurs historiques qui peuvent expliquer le développement du phénomène tout au long du 20e siècle, et les actions entreprises par les pays examinés pour inverser cette tendance. Des critères comme de meilleurs salaires, des perspectives d’évolution professionnelle et des conditions de travail adéquates sont fondamentaux, mais d’autres améliorations pour attirer, sélectionner et préparer les candidats sont également nécessaires.

 Feuille de route régionale pour la mise en œuvre de l’ODD 4-E2030

Lors de la dernière Réunion régionale des ministres de l’Éducation de l’Amérique latine et des Caraïbes (Cochabamba, Bolivie, juillet 2018), les pays participants ont approuvé les Accords de Cochabamba et la Feuille de route régionale pour la mise en œuvre de l’ODD 4-E2030 en Amérique latine et dans les Caraïbes. Cette feuille de route sera utilisée pour soutenir les gouvernements de la région dans le cadre des initiatives qu’ils entreprendront pour atteindre l’ODD 4, en particulier dans le domaine de la conception et de la réalisation d’actions éducatives régionales. L’Accord de Cochabamba prévoit la création d’un mécanisme de mise en œuvre de la feuille de route, piloté par le Bureau régional de l’UNESCO pour l’éducation en Amérique latine et dans les Caraïbes (OREALC/UNESCO Santiago) et composé de représentants venant d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des Caraïbes, ainsi que d’organisations régionales et de la société civile.

Conférence RISE 2018

La Conférence annuelle RISE a eu lieu en juin 2018 à la Blavatnik School of Government de l’Université d’Oxford. Cet événement, qui s’est déroulé sur deux jours, a rassemblé plus de 170 participants, notamment des universitaires et responsables politiques de premier plan. Les intervenants ont présenté les recherches du domaine sur des sujets comme la motivation des enseignants et les programmes, mais aussi le financement, l’information et l’évaluation. Une table ronde spéciale consacrée aux indicateurs mondiaux sur l’éducation s’est tenue le deuxième jour, avec des intervenants comme Roy Carr-Hill (UCL Institute of Education), Silvia Montoya (UNESCO) et Kirsty McNichol (ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce). RISE (« recherches sur l’amélioration des systèmes d’éducation ») est un programme de recherche regroupant plusieurs pays, qui vise à comprendre quelles solutions pour surmonter la crise des apprentissages fonctionnent le mieux au sein des systèmes éducatifs des pays en voie de développement. Le rapport de la conférence donne un aperçu des présentations et des discussions.

Perspectives des politiques de l’éducation (OCDE)

Le rapport 2018 Perspectives des politiques de l’éducation de l’OCDE met en évidence deux grandes tendances en matière de politique éducative entre 2008 et 2017 : combler les écarts au plus tôt pour renforcer l’équité et la qualité, et doter les élèves tant des compétences dont ils ont besoin aujourd’hui que de celles qui leur seront essentielles demain. Par le biais d’une réflexion sur « ce qui fonctionne » en matière d’éducation, le rapport examine les défis et perspectives actuels de l’élaboration des politiques. En commençant par envisager la question du point de vue des élèves, l’édition 2018 compare et analyse les évolutions les plus récentes des systèmes de politique éducative, de l’enseignement préscolaire jusqu’à l’enseignement supérieur et l’apprentissage tout au long de la vie.


Rapport sur le développement dans le monde 2018

Bien que sa publication remonte à octobre 2017, le Rapport sur le développement dans le monde 2018 de la Banque mondiale a été une ressource essentielle tout au long de cette année, car il était pour la première fois entièrement consacré à l’éducation. Cette publication, qui a pour thème « APPRENDRE pour réaliser la promesse de l’éducation », identifie certaines des difficultés qui persistent encore aujourd’hui : par exemple, les dernières évaluations internationales des acquis scolaires montrent qu’en dépit des progrès constants réalisés pour permettre à chacun d’accéder à l’éducation, de nombreux enfants ne maîtrisent toujours pas les compétences de base en lecture, écriture et calcul à leur sortie du système scolaire. Le rapport propose trois solutions politiques principales pour régler les problèmes identifiés : 1) évaluer efficacement les acquis pour que l’école se mette au service des apprenants ; 2) agir à la lumière de données factuelles en prenant en compte les potentiels obstacles techniques et politiques du système qui empêchent l’apprentissage ; 3) mobiliser les acteurs et suivre les progrès, pour mettre le système scolaire au service de l’apprentissage.


Ce qui nous attend en 2019

À la suite de la réunion mondiale sur l’éducation à Bruxelles (décembre 2018), l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 24 janvier « Journée internationale de l’éducation » afin de saluer le rôle de l’éducation pour la paix et le développement. L’UNESCO veillera à ce que cette Journée soit célébrée chaque année, en collaboration avec d’autres grands acteurs de l’éducation.