Afghanistan : développer les capacités de formation pour améliorer l’exécution des plans

    Par Jimena Pereyra and Morten Sigsgaard

 

La mise en œuvre réussie d’un plan dépend des capacités et de l’engagement des bureaux locaux d’éducation et de l’administration du pays. Comme en témoigne l’expérience afghane, les centres nationaux de formation ont un rôle clé à jouer.

L’Afghanistan vient de lancer son troisième Plan stratégique de l’éducation nationale (NESP-III), une stratégie quinquennale qui définit les grandes orientations sectorielles jusqu’en 2021. Élaboré et validé par le gouvernement afghan et ses partenaires, ce document fixe trois grandes priorités : l’amélioration de la qualité et de la pertinence de l’éducation, l’égalité d’accès, et une gestion transparente et efficace.

Le NESP-III arrive après de nombreuses évolutions dans le système éducatif du pays : depuis la chute des Talibans en 2001, de plus en plus de jeunes Afghans accèdent à l’éducation. Entre 2001 et 2016, le nombre d’enfants scolarisés a été multiplié par neuf, passant de 1 à 9,2 millions. Parallèlement, le nombre d’écoles est passé de 3 400 à 16 400 et les investissements en faveur des enseignants sont devenus une priorité. Sans oublier que pratiquement 40 % des enfants scolarisés sont des filles, contre moins de 1 % à l’époque des Talibans.

Les responsables afghans de l’éducation espèrent que le NESP-III confortera ces avancées, en dépit d’une insécurité permanente, des problèmes de corruption et d’un manque global de capacités au sein de l’administration. En parallèle, des plans d’éducation à l’échelle des provinces sont déployés dans tout le pays pour tenter de satisfaire les différents besoins de la population. Les actions engagées dans les provinces afin d’améliorer l’accès à l’éducation et la qualité des cours achoppent sur le manque de compétences des responsables et des institutions en termes de conception, mise en œuvre et suivi de ces plans.

L’Institut national de planification de l’éducation (NIEP) contribue fortement à renforcer les capacités des planificateurs et gestionnaires de l’éducation à l’échelle nationale et infranationale. Depuis son ouverture officielle à Kaboul voici deux ans, le NIEP est devenu un exemple éloquent de la manière dont un pays peut, malgré la complexité de la donne, déployer un mécanisme local viable de renforcement des capacités de planification.

Après la chute des Talibans, le ministère de l’Éducation a eu du mal à apporter une réponse adéquate au défi de la reconstruction. Un grand nombre d’experts ayant rejoint des ONG internationales et des agences de l’ONU, ceux qui étaient restés fidèles à l’institution n’avaient guère l’occasion de mettre à niveau leurs connaissances pratiques et théoriques. Pour remédier à ce problème, le ministère a recruté des conseillers techniques pour une durée déterminée, grâce à des financements des bailleurs de fonds internationaux. Malgré les effets positifs à court terme de la présence de ces conseillers – souvent d’anciens réfugiés de retour d’Iran et du Pakistan ayant un bon niveau d’instruction – il ne s’agissait en aucun cas d’une solution durable.

Faisons un saut de dix années en avant, quand le service de planification du ministère commence à réfléchir, avec les donateurs, à une méthode plus viable pour répondre aux besoins de planification et de gestion. Trois ans après le lancement du Programme national de formation, en 2012, le NIEP est inauguré : ce centre de formation à part entière est rattaché au directeur adjoint pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels au sein du ministère de l’Éducation. L’IIPE a apporté des conseils techniques pour sa création et aidé le ministère à concevoir un programme et des supports de formation.

 Et c’est ainsi que, de bénéficiaire de formations, l’Afghanistan est devenu « formateur », assurant la formation des personnels à Kaboul et dans les provinces. Aujourd’hui, 606 fonctionnaires du ministère au niveau des provinces (dont 7 % de femmes), ont suivi une formation continue et contribuent ainsi à renforcer l’administration de l’éducation. Par ailleurs, le NIEP a enrichi son offre de départ et propose désormais des cours de formation initiale, enseignements dont ont bénéficié 234 jeunes filles diplômées du secondaire qui ont pu ainsi postuler à un emploi dans l’éducation. Le NIEP organise également des cours du soir et envisage de monter, d’ici quelques années, des formations de courte durée. C’est en renforçant les compétences fondamentales de ses responsables de l’éducation que le pays sera mieux à même de déployer avec succès le nouveau plan et, ce faisant, d’améliorer l’ensemble du système d’éducation.

 

 

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