Conjuguer vision et action pour changer le monde

  Par Suzanne Grant Lewis

 

L’étape de l’exécution est l’un des moments clés du cycle de planification de l’éducation car, sans elle, la vision déclinée dans le plan n’a aucune chance de se concrétiser.

Dès 1970, Philip H. Coombs, le directeur fondateur de l’IIPE, a souligné l’importance de cette étape dans l’introduction de son ouvrage visionnaire Qu’est-ce que la planification de l’éducation ? affirmant que la planification « n’est pas [terminée] quand un plan est établi sur le papier et approuvé. La planification, pour être efficace, doit se soucier de sa propre réalisation, des progrès accomplis et de ceux qui restent à faire, des obstacles imprévus qui peuvent surgir et de la manière de les surmonter. » Pourtant, nous n’accordons pas toujours suffisamment d’attention à cette étape.

Afin de contribuer à la recherche d’un juste équilibre entre formulation et exécution d’un plan, nous consacrons ce numéro de la Lettre de l’IIPE aux pratiques sous-tendant une mise en œuvre réussie. Parmi les techniques examinées, l’analyse institutionnelle révèle les lacunes en termes de capacités et aide les ministères à surmonter leurs insuffisances organisationnelles et administratives. À cet effet, nous avons convoqué l’expérience de Madagascar et des Comores. L’intervention de l’IIPE aux côtés du ministère de l’Éducation comorien rappelle également l’utilité d’étudier le contexte local pour proposer le type de plan le plus adapté et le plus réaliste – dans le cas en question, la solution est passée par un plan de transition à court terme au lieu de planifier sur la durée. Autre enseignement clé, l’importance du rôle du suivi et de l’évaluation, qui favorisent le changement et introduisent une culture de la responsabilité face aux résultats, comme en témoignent les expériences du Cambodge et de l’Éthiopie. L’article consacré au centre national de formation de l’Afghanistan pour la planification et la gestion de l’éducation, montre comment un plan d’ensemble, prévoyant des stratégies de développement des compétences des planificateurs et des gestionnaires de l’éducation, peut installer un terreau fertile pour une mise en œuvre réussie grâce à des individus formés.

Ce type de travail est particulièrement pertinent dans le cadre des efforts de la communauté internationale en vue de la réalisation du quatrième Objectif de développement durable. Quand ils reposent sur une analyse solide des performances, les plans sectoriels de l’éducation sont les meilleurs outils dont dispose un pays pour esquisser un système éducatif capable de toucher tous les élèves et de leur inculquer la curiosité nécessaire pour continuer d’apprendre tout au long de leur vie. Mais ces plans ne doivent pas rester lettre morte. Éminemment utiles pour un pays, ils doivent faire l’objet d’investissements, d’actualisations périodiques et de suivi dans le temps.

Écoutons Nelson Mandela : « Une vision qui ne s’accompagne pas d’action n’est qu’un rêve. Une action qui ne découle pas d’une vision n’est que du temps perdu. Mais une vision suivie d’action peut changer le monde. »

 

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