Du Cambodge à l’Éthiopie : les cadres de suivi et d’évaluation

  Par Mariela Buonomo et Amelie Gagnon

 

Le suivi et l’évaluation ont des mérites évidents. Correctement utilisés, ces cadres peuvent faciliter l’exécution des plans et faire progressivement évoluer les systèmes d’éducation.

Un cadre efficace de suivi et d’évaluation (S&E) peut induire des changements significatifs dans un système d’éducation. Pour cela, il ne faut pas se contenter de l’utiliser comme un outil de contrôle ou de notification. Suivre et évaluer un plan permet certes d’en orienter la mise en œuvre mais aussi d’introduire une obligation de responsabilité vis-à-vis des résultats et, surtout, de tirer les enseignements des politiques et des pratiques pour les optimiser.

Le suivi et l’évaluation constituent une forme d’apprentissage au sein des organisations, qui implique des interactions et des échanges intenses entre les membres des unités concernées. Car celles et ceux qui participent à un plan veulent non seulement que les actions prévues soient concrétisées mais aussi que le système évolue pour atteindre les objectifs politiques qu’il défend.

Concrètement, un cadre de suivi et d’évaluation garantit la présence des éléments suivants :

  • une référence commune pour identifier les changements voulus (résultats) ;
  • un accord sur la manière d’introduire ces changements et les différents hypothèses avancées (chaîne de résultats) ;
  • une méthode claire pour mesurer le changement dans le temps (indicateurs, collecte de données et système de traitement) ;
  • des principes convenus sur la manière d’interpréter la situation de départ et les avancées en direction du changement ;
  • une structure d’organisation et des processus de notification bien définis ;
  • des échéances précises pour évaluer ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et les raisons de cet échec, afin d’affiner progressivement les interventions (rapport annuel, revue à mi-parcours et évaluation finale).

Actuellement, il arrive que l’accent soit davantage mis sur la remontée d’informations relatives aux stratégies mises en œuvre plutôt que sur leur évaluation – qui permet de savoir si elles sont ou non parvenues à atteindre les résultats visés et de connaître les raisons de cette réussite (ou de cet échec). Lorsqu’ils font appel à un cadre de suivi-évaluation, c’est le suivi que les pays tendent à privilégier.

Par ailleurs, les appréciations ne sont que rarement exploitées pour alimenter le processus décisionnel et ne contribuent donc pas à améliorer les politiques et les pratiques. Cela tient en partie au manque de compétences du personnel responsable du suivi-évaluation, qui ignore comment évaluer une politique d’éducation et tirer de ces études des éléments utiles à l’élaboration des politiques.

Cadres de résultats en Éthiopie : un outil indispensable pour mener à bien l’exécution d’un plan

Un solide cadre de résultats constitue un puissant instrument de gestion pour orienter la planification du secteur de l’éducation et la mise en œuvre des plans. Il se compose de deux éléments clés : une « chaîne de résultats », qui décrit l’enchaînement logique des différentes activités (relation de cause à effet) ainsi que les résultats attendus, et une « matrice de résultats », qui présente de manière succincte les différents indicateurs de performance servant au suivi des avancées obtenues pendant la mise en œuvre.

L’absence d’un cadre de résultats peut déboucher sur un suivi incomplet et une mauvaise coordination lors de la réalisation des activités sectorielles, surtout lorsque les relations directes entre chacune des activités programmatiques, les produits et les résultats, ne sont pas clairement établies.

Depuis un an, l’IIPE aide le ministère fédéral de l’Éducation d’Éthiopie ainsi que les bureaux régionaux de l’éducation de quatre régions du pays, à mettre sur pied des cadres de résultats pour leurs programmes respectifs de développement du secteur de l’éducation (PDSE V). Pour les régions comme pour l’échelon fédéral, il s’agit d’intégrer ces cadres de résultats dans les routines de suivi et d’évaluation et, ce faisant, de faciliter l’établissement des rapports annuels, les revues à mi-parcours et les évaluations finales. Ces étapes sont autant d’occasions de dresser un bilan des avancées et de s’assurer que la mise en œuvre du plan va dans la bonne direction. Ces activités ont été organisées pendant une série de formations professionnelles et de séances de travail, avec le soutien de l’UNICEF-Éthiopie.

Cambodge : le suivi et l’évaluation ne sont pas une fin en soi

Le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports du Cambodge vient de finaliser son cadre de suivi-évaluation du plan pour le secteur de l’éducation (ESP), en cours de déploiement. Ce cadre décrit les rôles et responsabilités des différents services ministériels ainsi que les niveaux du système éducatif concernés par les activités de S&E. Il recense, par ailleurs, les différents rapports à produire à ces échelons. Dans le cadre de son jumelage avec le ministère de l’Éducation du Cambodge, l’IIPE coopère avec la direction générale de la politique et de la planification dans le but d’améliorer les processus et les examens relevant de ce cadre de suivi-évaluation.

La conception de la revue à mi-parcours de l’ESP faisait partie de cette collaboration. Fondé sur la consultation des différents sous-secteurs, partenaires au développement et autres parties prenantes, ce bilan intermédiaire a débouché sur la révision de l’ESP actuel et entraîné le renforcement de plusieurs réformes, dont la remise à niveau des qualifications des enseignants et l’amélioration de leurs pratiques professionnelles.

Actuellement, l’IIPE s’attache à aider le ministère à affiner ses différents instruments de suivi (à l’image de ceux utilisés pour le suivi annuel des performances) et à renforcer la pertinence et la portée des analyses faisant l’objet des rapports publiés par la direction générale, de manière à accroître leur utilité au service de l’élaboration des politiques.

 

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