En Jordanie, le plan sectoriel d’éducation s’adapte à l’évolution des besoins

14 Avril 2022

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©Richard Juilliart/Shutterstock.com
Des enfants dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie

Un plan sectoriel national d’éducation a pour but de définir les objectifs et les stratégies de transformation de l’éducation, pour que celle-ci soit équitable, inclusive et préparée aux défis de demain. Mais que se passe-t-il lorsque surviennent de nouvelles difficultés ou que le contexte change ? Le travail mené par l’IIPE-UNESCO en Jordanie montre combien il est important que les représentants du ministère de l’Éducation et les partenaires travaillent ensemble pour faire le point sur l’implémentation du plan et veiller à ce qu’il reste pertinent en cas d’importantes évolutions. 

Dévoilé pour la première fois en 2018, le plan sectoriel d’éducation actuellement en vigueur en Jordanie affiche de grandes ambitions pour réaliser l’agenda Éducation 2030. Pourtant, seulement deux ans plus tard, la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sur l’éducation dans le monde entier, y compris en Jordanie. Le ministère a rapidement réagi à cette crise en élaborant le Plan pour l’éducation en situation d’urgence, qui place l’apprentissage mixte au rang de ses priorités, même après la pandémie. Toutefois, l’évaluation à mi-parcours du plan sectoriel a été très précieuse pour mesurer les progrès réalisés et réévaluer les stratégies. 

« Nous constatons une demande croissante de la part des ministères de l’Éducation pour des évaluations de ce type. Elles sont utiles pour accompagner la mise en œuvre du plan », explique Anna Haas, spécialiste de programme à l’IIPE. 

L’UNESCO en général et l’IIPE ont collaboré avec le ministère de l’Éducation pour mener à bien l’évaluation à mi-parcours, en créant et en pilotant neuf groupes de travail. Six d’entre eux ont analysé les différents domaines prioritaires du plan, à savoir l’éducation de la petite enfance, l’accès, la qualité, le développement ou encore l’enseignement professionnel. Les autres ont travaillé sur le suivi-évaluation, sur les coûts et le financement, ainsi que sur les partenariats et la coordination. À l’aide de différents indicateurs, les groupes ont analysé les diverses tendances du système éducatif et se sont demandé comment ajuster les différentes stratégies éducatives en place. 

Signes de progrès 

L’une des principales réussites de l’évaluation à mi-parcours a été de rassembler un grand nombre d’acteurs de l’éducation, qu’il s’agisse de techniciens ou de hauts représentants du ministère.

« En Jordanie, le plan pour l’éducation est bien vivant. Il est utilisé pour définir et structurer le travail dans le secteur », explique Mme Haas.

Des représentants du ministère ont aussi indiqué à l’IIPE que cette réussite est due à la large mobilisation de responsables de l’éducation et de partenaires, depuis le tout début de la planification jusqu’à cette dernière étape. 

L’évaluation, qui a débuté en 2021 et a abouti à la publication du rapport final, a donné une vue d’ensemble de l’état du système éducatif jordanien. Elle a mis en avant des signes notables de progrès observés avant la pandémie de COVID-19. Entre 2016 et 2020, le nombre d’inscrits a progressé de 160 000 élèves et les acquis scolaires des élèves de 15 ans se sont améliorés, chez les garçons comme chez les filles. Le nombre d’élèves par enseignant est resté relativement stable. 

Cependant, la pandémie de COVID-19 est venue compromettre ces avancées en matière d’accès, d’équité et de qualité, en particulier pour les élèves vulnérables, les réfugiés ou les enfants ayant des besoins éducatifs divers. Outre la fermeture des écoles pendant 18 mois, le système éducatif a été confronté à un problème de classes surchargées, en partie dû au fait qu’un grand nombre d’élèves est passé du privé au public pendant la pandémie à cause de ses retombées économiques négatives. Pour y remédier, le ministère se tourne de plus en plus vers le système à double vacation en attendant que davantage d’écoles et d’enseignants soient disponibles, mais il faudra surveiller de près les implications de ce système dans les années à venir. 

Face à ces défis qui s'ajoutent à d'autres, le ministère reconnaît la nécessité d'institutionnaliser la gestion des crises et des risques dans l'éducation. Une division de gestion des crises et des risques est en cours de création au sein du ministère central de l'Éducation afin de minimiser le risque de futures perturbations de l'apprentissage et de protéger la sécurité, la santé et le bien-être de tous les apprenants, y compris les réfugiés, et du personnel scolaire. 

En mars 2022, le ministère de l'Éducation, avec le soutien de l'UNESCO et de l'IIPE, a également commencé à élaborer un plan national de gestion des crises et des risques pour le secteur de l'éducation, qui sera aligné sur la Stratégie nationale jordanienne de gestion des crises et des risques. Les responsables de l'éducation des écoles, des directions de terrain et du ministère central réfléchissent collectivement aux expériences, telles que la pandémie de COVID-19, afin d'identifier de nouvelles stratégies pour prévenir, se préparer et atténuer les risques naturels et d'origine humaine dans l'éducation.

Nouvelles orientations 

Depuis les débuts du plan sectoriel d’éducation, le ministère a mis l’accent sur l’éducation inclusive, en lançant une nouvelle stratégie audacieuse. Une réforme de l’enseignement technique et professionnel est également en cours. 

« Selon les informations disponibles, ce sont les enfants et les jeunes appartenant à des groupes vulnérables qui ont le plus pâti de la pandémie et qui ont le moins participé à l’apprentissage en ligne en Jordanie. D’ici la fin du plan sectoriel pour l’éducation, il faudra mettre davantage l’accent sur les approches de remise à niveau au sein des écoles publiques et les généraliser. »
– Rapport de l’évaluation à mi-parcours 

Par ailleurs, l’évaluation à mi-parcours a permis de proposer certains ajustements importants et de préconiser le renforcement de la mobilisation et de la coordination financières. De manière générale, il est ressorti de l’évaluation que les domaines prioritaires du plan, ainsi qu’une vingtaine de ses composantes, étaient toujours hautement pertinents pour l’amélioration du secteur de l’éducation. En même temps, la pandémie ayant causé des retards dans certains domaines clés, le ministère a décidé, à la suite de l’évaluation, de prolonger le plan de trois années supplémentaires, jusqu’à fin 2025.