Enseignants : pourquoi le Burkina Faso s’équipe d'un système intégré de gestion des ressources humaines ?

28 Avril 2021

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Barbara Tournier/IIPE-UNESCO
Janvier 2021, une équipe du ministère de l’Éducation du Burkina Faso travaille à l’élaboration du cahier des charges du futur SIRH.

Les deux-tiers des agents publics burkinabés relèvent du ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN). La masse salariale de ce personnel, majoritairement composé d’enseignants, a donc un impact direct sur le budget de l’État. Avec l’appui technique de l’IIPE, le ministère prépare le développement d’un système informatique intégré de gestion des ressources humaines (SIRH). Hermann Kaboré, Directeur des ressources humaines du MENAPLN, détaille les enjeux du projet.

Pourquoi votre ministère veut-il se doter d’une plateforme SIRH ?

Hermann Kaboré - Nous voulons nous appuyer sur un système informatisé de gestion des ressources humaines robuste pour maîtriser nos effectifs et gérer la mobilité du personnel.

Au sein du MENAPLN, nous avons des difficultés à suivre les mouvements des enseignants suite à leur mutation, ou dans le cadre d’une disponibilité ou d’un détachement. Par ailleurs, nous avons de sérieux problèmes pour évaluer la masse salariale, que nous soumettons chaque année au ministère en charge des Finances. Faute d’outil adapté pour récupérer des données actualisées, le MENAPLN épuise parfois ses prévisions de dépenses salariales en cours d’année. C’est un réel sujet de préoccupation.

Quels problèmes rencontrez-vous avec les systèmes actuels ?

Hermann Kaboré - Actuellement, le Burkina Faso utilise une solution intégrée pour la gestion administrative et salariale des personnels de l’État, ou SIGASPE, mise en place il y a vingt ans. Elle permet notamment d’assurer la prise en charge salariale de tous les agents de la fonction publique, une fois que leurs actes de carrière (intégration, reclassement, avancement, etc.) ont été traités.

Ce système informatisé a des défaillances. D’abord, nous sommes dépendants des informaticiens pour la production de données statistiques dont nous avons besoin. De plus, les informations administratives ne sont pas toujours à jour, notamment celles concernant la situation géographique des agents. Enfin, toutes les structures administratives du MENAPLN n’ont pas accès à cette solution pour le suivi de la carrière des agents, faute de pouvoir se connecter au réseau informatique national de l’administration, qui requiert des câblages spécifiques.

Au niveau de la direction des ressources humaines, les logiciels que nous utilisons pour traiter les demandes d’affectations et élaborer le budget du personnel n’interagissent pas avec le SIGASPE, alors que des milliers d’agents changent de situation administrative et sont mutés chaque année. En 2020, environ 9 000 agents ont déposé une demande de mutation et plus de 6000 devaient bénéficier d’un reclassement au retour d’une formation.

Quels objectifs visez-vous avec cette nouvelle plateforme ?

Hermann Kaboré - Assurer un meilleur suivi et gagner du temps. D’une part, le nouveau système permettra aux gestionnaires des ressources humaines (RH) d’élaborer certains actes de carrière courants, sans ressaisie manuelle. Cela nous permettra de minimiser les erreurs et d’avoir une mise à jour systématique des données dans le système. D’autre part, la plateforme sera une application web, accessible non seulement par toutes nos structures, tant aux niveaux central que déconcentré, mais aussi par les agents eux-mêmes.

Grâce à cette plateforme, nous pourrons récupérer automatiquement des données essentielles qui se trouvent au niveau du SIGASPE pour procéder à une évaluation précise des dépenses de personnel.  Quant aux agents, ils pourront candidater directement aux postes ouverts à partir de ce système, dans le cadre des mutations pour convenance personnelle.

Comment accompagner cette nouvelle manière de travailler ?

Hermann Kaboré - En amont du développement du nouveau système, nous avons élaboré deux outils majeurs, avec l’appui de l’IIPE. D’abord un manuel des processus et des procédures pour la gestion des ressources humaines du MENAPLN. Puis un guide sur les critères et normes d’affectation et de mutation des agents. Cette première étape a permis d’harmoniser les pratiques de toutes les personnes chargées de la gestion des ressources humaines au sein du ministère et d’établir des synergies entre nos différentes structures.

Le futur système intégré de gestion des ressources humaines va permettre de mettre en place une nouvelle organisation dans la gestion de la carrière des agents. Il est très attendu par les trois ministères concernés par la gestion administrative et salariale du personnel (Fonction publique, Finances et Éducation nationale). Mais également par les gestionnaires RH, qui font face aux nombreuses difficultés dans la gestion opérationnelle des ressources humaines.

L’IIPE nous apporte désormais son expertise technique pour la mise en œuvre de ce SIRH. Cela nous permet d’avancer rapidement et d’éviter certaines erreurs dans la mise en place du système.