FACILITER LA TRANSITION ENTRE ECOLE ET VIE ACTIVE

   Par María del Carmen Feijoó, IIEP-Buenos Aires

 

L'IIPE-Amérique latine relève le défi d'ouvrir une nouvelle voie vers l'éducation et l'accès à un travail décent.

La manière dont les filles et les garçons négocient leur transition vers le monde du travail est essentielle à leur développement futur, puisqu’elle a un impact durable sur leur vie publique et privée. À titre individuel, un jeune peut être contraint de prendre une décision qui va conditionner toute son existence : abandon scolaire, redoublement précoce ou grossesse adolescente, tous ces événements réduisent ses chances d’accéder à un emploi décent par rapport aux élèves qui achèvent le cursus de base

D’un autre côté, plusieurs facteurs peuvent façonner l’avenir d’un jeune  : structure des marchés du travail, niveau de revenu de sa famille, le fait de vivre en milieu rural ou l’appartenance à un groupe traditionnellement victime de discriminations. 

Depuis quelques décennies, les solutionsproposées pour assurer la transition des jeunes vers le monde du travail consistent surtout à renforcer le niveau d’éducation des individus, en vertu du modèle du capital humain. En Amérique latine, on considère généralement qu’un jeune doit accomplir 12 ans de scolarité – c’est-à-dire, achever le deuxième cycle secondaire – pour prétendre à un travail décent. Mais même si les jeunes sont toujours plus nombreux à atteindre des niveaux d’éducation élevés, le problème de l’accès aux marchés du travail reste entier.

L’Organisation internationale du travail (OIT) soutient qu’il n’y a tout simplement pas suffisamment d’emplois décents. Les stratégies visant à promouvoir l’accès à ces emplois doivent dépasser les seules initiatives éducatives au profit de politiques favorisant l’acquisition de nouvelles compétences. Augmenter le nombre de jeunes sur le marché du travail n’est pas seulement un droit humain ; c’est aussi un moyen de renforcer l’inclusion et la cohésion sociales, et d’améliorer les conditions de vie.

"IL EST IMPÉRATIF D’ABORDER CES QUESTIONS SANS AUCUN PRÉJUGÉ. C’EST POURQUOI L’IIPE-AMÉRIQUE LATINE A MIS AU POINT UN CADRE INCLUSIF QUI ENVISAGE SUR UN PIED D’ÉGALITÉ LE FORMEL ET L’INFORMEL, LE RURAL ET L’URBAIN, AINSI QUE LES FILLES ET LES GARÇONS."

Les systèmes éducatifs doivent actualiser les programmes pour refléter le monde réel. L’accès à l’éducation doit être reconnu comme droit humain et bien public. Les questions de diversité et de vie quotidienne doivent être abordées, y compris le droit des filles et des garçons à la sexualité et à la reproduction, les liens avec les nouvelles technologies, ainsi que la connaissance des conditions de travail et des droits des travailleurs. L’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) doivent être intégrés, afin de renforcer les capacités à exercer un emploi. Les programmes de transferts monétaires destinés aux adolescents peuvent les inciter à poursuivre leurs études. Par ailleurs, les enseignants et les écoles doivent tenir compte des centres d’intérêt et des préoccupations des élèves, et faire de la scolarité une expérience digne d’être vécue.

Les Objectifs de développement durable (ODD) offrent un contexte prometteur pour la réalisation de ces droits. Les 17 ODD sont liés entre eux et doivent être abordés de manière intégrée. Il ne s’agit pas de privilégier l’ODD 4, qui s’attache à la qualité de l’éducation, mais aussi l’ODD 5, centré sur les droits des femmes, ainsi que l’ODD 8, relatif au travail décent et à la croissance économique, entre autres. Tous ces objectifs vont dans la même direction et peuvent produire des synergies susceptibles de résoudre certains des enjeux évoqués.

De leur côté, chercheurs et décideurs peuvent faire évoluer la manière dont les sociétés traitent cette question et les populations les plus touchées. Il faut abandonner la banalisation du concept de NEET (un jeune déscolarisé, qui ne travaille pas et ne suit aucune formation).

En Amérique latine, cela revient à stigmatiser les jeunes qui vivent dans la pauvreté. La plupart d’entre eux, surtout les femmes, sont loin de rester les bras croisés, agissant quotidiennement en tant que soutien de famille, prenant soin, sans aucune contrepartie financière, des plus âgés et des plus jeunes ; les jeunes hommes, quant à eux, travaillent dans le secteur informel pour rapporter de l’argent. Il est impératif d’aborder ces questions sans aucun préjugé. C’est pourquoi l’IIPE-Amérique latine a adopté un cadre inclusif qui envisage sur un pied d’égalité le formel et l’informel, le rural et l’urbain, ainsi que les filles et les garçons. Dans ce contexte, le portail RedEtis recense et diffuse les dernières tendances, discussions et manifestations autour de ces questions, contribuant ainsi à produire des connaissances nouvelles et utiles. 

 

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