La recherche-action sur les micro-certifications en plein essor à Maurice

17 Janvier 2024

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Sapsiwai/Shutterstock.com
Vue de l'Université de Maurice et du centre d'éducation

Dans un contexte de progrès technologique rapide, de numérisation et de transformation du marché du travail, la formation continue fait désormais partie intégrante des stratégies nationales en matière de compétences et d'employabilité. Ainsi, dans de nombreux pays, les programmes politiques portent une plus grande attention à la reconnaissance et la validation des compétences, ainsi qu'à une éducation plus flexible et centrée sur l'apprenant. 

À l'échelle mondiale, l'Agenda 2030 pour l'éducation encourage les pays à mettre en place des mécanismes de reconnaissance, de validation et d'accréditation des connaissances et des compétences acquises dans divers contextes. En outre, la Convention mondiale de l'UNESCO sur l'enseignement supérieur souligne la nécessité d'une transition vers un enseignement et un apprentissage fondés sur les compétences, la reconnaissance des acquis antérieurs et les qualifications partielles. 

Les expériences d’apprentissage plus courtes sont donc considérées non seulement comme une voie prometteuse, mais également comme une occasion de rendre l’accès à l’éducation plus équitable, en l’élargissant à ceux qui ne peuvent pas facilement suivre des programmes d'études à temps plein. Dans un nombre croissant de pays, les étudiants peuvent s’inscrire à des formations plus courtes, avec par exemple des micro-certifications proposées par divers prestataires (organisations d'éducation formelle, entreprises et organisations de la société civile), ce qui permet un plus grand choix et des parcours individualisés.  

Mais que sont les micro-certifications ?

La définition précise des micro-certifications est souvent floue. 

En réponse, et au vu de la diversité des pratiques nationales et institutionnelles, l'UNESCO a proposé la suivante définition commune des micro-certifications :

  • Les micro-certifications constituent une reconnaissance d’un résultat d’apprentissage ciblé, garantissant ce que l'apprenant sait, comprend ou peut faire.
  • Elles comprennent une évaluation basée sur des normes clairement définies, et attribuée par un prestataire fiable.
  • Elles ont une valeur en soi, et peuvent également contribuer à d’autres micro-certifications ou macro-certifications ou les compléter, notamment par la validation des acquis.
  • Elles répondent aux normes requises par les assurances qualité pertinentes. 

De nombreux pays, tant développés qu'en développement, connaissent actuellement une croissance rapide de leur offre de formations courtes, qu'ils souhaitent transformer en micro-certifications. La plupart des questionnements qui animent actuellement les autorités de l'enseignement supérieur portent sur la réglementation et la reconnaissance académique, l'assurance qualité et l’articulation avec le cadre national de certifications (CNC), ainsi que sur l'homologation, la préservation et la portabilité de ces certifications. Afin de susciter de la confiance dans le secteur de l’enseignement supérieur pour l’homologation d’expériences d’apprentissages certifiées, plusieurs pays ont développé des cadres nationaux de micro-certifications. Ce processus est souvent le fruit d'une collaboration entre les établissements d'enseignement supérieur et les autorités publiques, telles que les ministères, les organismes d'assurance qualité et du CNC. 

Afin de soutenir les autorités nationales dans le développement de cadres nationaux pour les micro-certifications, l'IIPE a lancé une recherche-action visant à générer des connaissances sur les bonnes pratiques de mise en place de tels cadres dans l'enseignement post-secondaire. Avec cet objectif en tête, l'IIPE a déjà réalisé une étude documentaire sur les formations courtes, les micro-certifications et les parcours d'apprentissage flexibles : schéma directeur pour l'élaboration et la mise en œuvre de politiques

Pour mettre en œuvre ce document d'orientation, l'IIPE a également développé une méthodologie de recherche pour travailler avec les pays sur le développement d'un cadre national de micro-certifications. Cette méthodologie comprend des instruments d'enquête et des directives pour organiser une consultation des parties prenantes afin de discuter des options adaptées au contexte national. 

Pilotage d'un référentiel pour les de micro-certifications à Maurice 

En septembre 2023, l'IIPE-UNESCO s'est associé à la Commission mauricienne de l'enseignement supérieur et à l'Autorité mauricienne des qualifications pour un projet pilote de l'IIPE-UNESCO sur les encadrements des micro-certifications. Grâce à ce travail, l'IIPE teste sa méthodologie de recherche orientée vers l'action tout en proposant des recommandations aux autorités mauriciennes pour un cadre national de micro-certifications. 

La recherche pilote à Maurice implique une collecte de données par le biais de quatre enquêtes auprès des décideurs politiques et des établissements d'enseignement supérieur et d'EFTP. L’objectif est de mieux comprendre le cadre réglementaire actuel du pays, mais aussi l'offre existante de micro-certifications et les perceptions autour de ses opportunités et de ses défis dans le secteur. 

Ces données feront l’objet d’une discussion lors d'une réunion de consultation des parties prenantes à Port Louis, à Maurice, à partir du 17 janvier 2024. Des représentants des autorités nationales et des établissements d'enseignement supérieur et d'EFTP se réuniront pour discuter des options possibles pour le cadre, telles que la portée et la définition des micro-certifications, l'assurance qualité, son lien avec le cadre national des certifications, et les questions d'infrastructure technologique. 

Un rapport sera ensuite préparé et partagé avec les autorités nationales, formulant des recommandations pour la mise en place d’un cadre national de micro-certifications à Maurice.