Le défi de la Mongolie : 100% d'accès à l'enseignement préscolaire

10 Octobre 2020

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Katiekk / Shutterstock.com
Un jeune Mongol avec des chèvres, près de sa yourte, dans une steppe du nord de la Mongolie

La Mongolie dispose d'un nouveau plan sectoriel d'éducation décennal, et l'un de ses objectifs est de permettre à tous les enfants d'accéder à l'enseignement préscolaire. Il s'agit notamment de créer des programmes sûrs, sains et respectueux de l'environnement qui encouragent la participation des parents et la préparation à l'école. Au cours des deux dernières décennies, l'enseignement préscolaire s'est considérablement développé, concernant aujourd'hui près de 74 % des enfants âgés de 3 à 5 ans et recevant plus d'un cinquième du budget national de l'éducation. Le défi : toucher les 26 % restants, dont certains font partie de la population traditionnelle vivant de l'élevage.

Les familles de bergers nomades de Mongolie se déplacent au gré des saisons dans ce pays montagneux et enclavé d'Asie centrale. Alors que l'urbanisation augmente rapidement, environ un cinquième des Mongols reste une population pastorale en mouvement. Pour l'éducation, cela crée des défis uniques - mais aussi des solutions.

Pour les plus jeunes enfants d'éleveurs, les hivers risquent d'être longs et solitaires. Alors que les enfants plus âgés peuvent aller à l'école et rester dans des dortoirs, cela est difficile pour ceux qui sont plus jeunes. Par conséquent, de nombreux enfants de bergers ne vont pas à l'école maternelle et près de la moitié (49 %) de tous les Kazakhs de Mongolie ne sont pas inscrits dans un établissement d'enseignement préscolaire.

"Les enfants doivent être préparés à l'école dès le début. C'est pourquoi nous aimerions que toutes les familles amènent leurs enfants à l'école maternelle". - Uyanga Sukhbaatar, Secrétaire général de la Commission nationale de la Mongolie pour l'UNESCO.

"C'est un défi contextuel unique pour la Mongolie", déclare Uyanga Sukhbaatar, Secrétaire général de la Commission nationale de la Mongolie pour l'UNESCO. "Il y a de nombreuses politiques et de mesures en place pour améliorer la situation des éleveurs". Par exemple, une yourte mobile permet aux enfants des bergers de socialiser, de jouer et d'apprendre pendant les mois d'été. Le calendrier scolaire est également en cours de révision, afin que les enfants d'éleveurs ne soient pas obligés de manquer l'école pour rester à la maison pendant les premiers mois de printemps, en mars et avril, lors des naissances du bétail.

Lutter contre les disparités

La faible présence des enfants d'éleveurs dans l'éducation de la petite enfance contraste fortement avec les taux de scolarisation qui sont supérieurs à 80 % dans les zones urbaines. D'autres groupes marginalisés, tels que les enfants des zones rurales (58 %), ceux des familles les plus pauvres (34 %) et les enfants ayant des besoins particuliers, ont également des difficultés à accéder à l'enseignement préscolaire. L'évaluation des résultats du développement des jeunes enfants révèle également des lacunes importantes, les enfants qui fréquentent les écoles publics rurales ayant des retards par rapport à ceux des zones urbaines.

Par conséquent, l'accès à un enseignement préscolaire de qualité est un élément majeur du nouveau plan sectoriel d'éducation décennal du pays, élaboré avec le soutien de l'IIPE-UNESCO et d'autres partenaires. Dans l'ensemble, le plan vise le "développement global des citoyens mongols" pour "vivre et travailler à l'ère de la connaissance et des technologies numériques". Pour y parvenir, le plan couvre tous les niveaux d'éducation, tout en précisant qu'une bonne éducation commence tôt. "Les enfants doivent être préparés à l'école dès le début. C'est pourquoi nous aimerions que toutes les familles amènent leurs enfants à la maternelle", déclare le secrétaire général Sukhbaatar.

Ainsi, le nombre d'écoles maternelles est en augmentation, en grande partie grâce à la multiplication des établissements privés. De 2004 à 2018, le nombre de maternelles a plus que doublé, passant de 687 établissements à 1 435. En outre, il y avait 675 yourtes qui servaient de maternelles en 2014, selon un rapport de la Banque mondiale sur l'éducation préscolaire en Mongolie datant de 2017.

L'IIPE-UNESCO soutient le développement du plan d'éducation de la Mongolie

Le plan comprend un plan de suivi et d'évaluation, que l'IIPE-UNESCO a appuyé en étroite collaboration avec la Commission nationale de la Mongolie pour l'UNESCO, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement. Il est conçu pour suivre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs pour l'éducation de la petite enfance, (et d'autres niveaux d'éducation). Ses instruments comprennent une liste d'indicateurs clés de performance des politiques, un cadre de résultats détaillé comprenant un calendrier avec différents repères, et une description des dispositions de suivi au sein du ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sciences et des Sports. 

Des solutions d'apprentissage pour tous

C'est au cours des cinq premières années qu'un enfant se développe le plus rapidement, posant les bases d'un meilleur apprentissage et permettant de mieux réussir plus tard dans la vie. Pourtant, plus de 175 millions d'enfants dans le monde ne sont pas inscrits dans l'enseignement préscolaire. 

Si le plan sectoriel de la Mongolie souligne les progrès récents, il insiste également sur la nécessité de trouver des solutions d'apprentissage supplémentaires pour les populations nomades. Par exemple, les maternelles-yourtes n'offrent pas toujours suffisamment de temps d'apprentissage aux enfants de bergers, car ils ne sont là que quelques mois par an. Pour combler ces lacunes, le plan sectoriel d'éducation recommande qu'une enquête soit menée pour mieux comprendre les possibilités d'accès à l'éducation pour les familles d'éleveurs. Il suggère également d'améliorer les installations d'eau et d'assainissement, de développer des modules de formation pour les enseignants et de fournir des jouets et du matériel d'apprentissage qui favorisent le développement des enfants. 

La qualité est un autre sujet de préoccupation. Pour aller de l'avant, le plan propose la création d'un indicateur de référence pour évaluer fréquemment la croissance et le développement des enfants en Mongolie. Des évaluations nationales pourraient mesurer le degré de préparation de tous les enfants de cinq ans qui entrent à l'école. Les résultats de la recherche devraient être pris en compte dans l'élaboration des programmes, le matériel d'apprentissage et la formation des enseignants.

La préparation à l'école commence à la maison 

Mais le plus important pour les familles d'éleveurs de Mongolie est peut-être le rôle des parents dans l'éducation préscolaire. "Si les mois d'été offrent certaines possibilités de socialisation et d'apprentissage, ce n'est pas une solution pour toute l'année, ni à plein temps. Pour combler cette lacune, surtout dans le contexte de la Mongolie, l'apprentissage doit également avoir lieu à la maison. Les parents doivent jouer un rôle actif dans le développement de leur enfant grâce à des méthodes d'apprentissage à domicile", affirme Diane Coury, experte de l'IIPE-UNESCO en matière d'éducation de la petite enfance. 

Le plan d'éducation de la Mongolie insiste sur ce point et propose un programme de soutien aux parents ayant des enfants de moins de cinq ans. Ce programme comprend une étude de base pour évaluer les compétences parentales, ainsi que des modules d'éducation et de formation en ligne pour accroître la participation des parents. Pour les enfants mongols qui vivent dans des zones rurales éloignées, ce programme sera essentiel pour leur assurer le meilleur départ dans la vie. 

L'évolution démographique de la Mongolie et ses conséquences sur l'éducation

Les stratégies visant à inclure les enfants des éleveurs ruraux dans l'éducation représentent un défi de longue date pour le secteur de l'éducation en Mongolie. L'urbanisation devient également un enjeu de premier plan, car le changement climatique, et d'autres facteurs, conduisent beaucoup de gens à abandonner leur mode de vie rural. D'ici 2030, 79 % de la population totale vivra dans les zones urbaines, ce qui créera des défis supplémentaires tels que le surpeuplement dans ces zones, et l'éloignement accru des zones rurales. À l'avenir, les stratégies d'éducation visant à améliorer l'accès à un apprentissage de qualité devront tenir compte de ces changements démographiques.