PlanED Épisode 5 : Planification pour l'équité des genres dans et par l'éducation
Pour que l'éducation soit véritablement transformatrice, elle ne doit laisser personne de côté. Pourtant, les filles n'ont pas toujours le même accès à l'éducation que les garçons. Atteindre la parité en classe contribuerait évidemment à résoudre ce problème. Cependant, les responsables de la planification de l'éducation doivent aller au-delà des chiffres en abordant de manière holistique les questions de genre, d'équité et d'inclusion.
Pour la Journée internationale des femmes 2024, Fabricia Devignes et Jihane Lamouri de l'IIPE-UNESCO expliquent comment l'Initiative Priorité à l'Egalité (GCI) collabore avec des pays tels que la Mauritanie et le Nigeria pour intensifier les progrès en matière d'équité des genres dans et par l'éducation. Nous entendrons également Augustina Apakasa, la directrice adjointe de la cellule Genre au ministère fédéral de l'Éducation du Nigeria, parler de la concrétisation des politiques au Nigeria en faveur de l'équité.
Script complet :
Anne Cocard : Pour que l'éducation soit véritablement transformatrice, elle ne doit laisser personne de côté.
Pourtant, les filles n'ont pas toujours le même accès à l'éducation que les garçons.
Atteindre la parité en classe contribuerait évidemment à résoudre ce problème. Mais les responsables de la planification de l'éducation doivent aller au-delà des chiffres en abordant la question du genre, de l'égalité et de l'inclusion.
Jihane Lamouri : Ce qu'on a observé en Mauritanie, c'est que c'est un assez bon exemple d'un pays qui a finalement réussi à atteindre la parité au premier niveau de l'éducation… mais au sein duquel il y a des disparités importantes qui persistent au niveau régional et de façon globale. L'environnement en dehors de l'éducation, donc l'environnement politique, économique, mais également tout l'environnement autour des droits liés à la santé sexuelle et reproductive n'est pas favorable à l'égalité de genre, de façon générale. Donc, les progrès en matière d'égalité, de parité on va dire, au premier cycle de l'éducation, ne se sont pas encore traduits par un environnement plus égalitaire de façon large.
Anne Cocard: Bienvenue dans PlanED, le podcast de l’IIPE - l'Institut International de Planification de l'Education de l'UNESCO.
Je suis Anne Cocard.
La mission de l'IIPE est de renforcer les capacités des ministères de l'Éducation à planifier et à gérer leurs systèmes éducatifs.
La scolarisation des filles a énormément progressé ces dernières années dans le monde entier. Cependant, elles restent désavantagées par rapport aux garçons. Et c’est particulièrement le cas en Afrique subsaharienne, où 34% des filles en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire, et 47 pour cent des filles en âge de fréquenter le deuxième cycle du secondaire, ne sont pas en classe.
Les filles qui vont à l’école, quant à elles, sont souvent exposées aux violences sexistes en milieu scolaire et à des approches pédagogiques genrées.
La situation s'aggrave lorsque le facteur genre s’additionne à d'autres facteurs d'exclusion et de vulnérabilité comme la pauvreté, le handicap, l’appartenance ethnique, la religion ou le statut de personne déplacée.
Les systèmes éducatifs qui ne tiennent pas compte de la dimension de genre ont un impact aussi sur les garçons, et reproduisent des normes de genre néfastes.
Jihane Lamouri est planificatrice de l'éducation sensible au genre au sein du bureau pour l'Afrique de l'IIPE-UNESCO, à Dakar.
Elle a appuyé le gouvernement mauritanien pour élaborer un plan sectoriel de l'éducation qui prenne en compte les dimensions de genre.
Elle explique que travailler sur le genre implique d’intégrer de nombreux autres aspects :
Jihane Lamouri : Quand on parle de genre, on ne s'intéresse pas seulement à la représentation numérique des filles et des garçons, au niveau de l'accès, on s'intéresse à toutes les dimensions de l'éducation. Donc également les apprentissages ou les orientations par exemple, mais également à tout l'environnement éducatif, les dynamiques de genre qui peuvent se passer au sein d'une classe. Avec la pédagogie par exemple, ou aussi toutes les questions de violences de genre en milieu scolaire.
En Mauritanie, comme dans beaucoup d’autres pays, la question du genre est sensible, et nécessite une approche systémique globale, s'attaquant aux causes profondes des inégalités… à la fois dans le système éducatif et en dehors.
Le terme même de genre est sensible. En fait, il a fait l'objet de controverses suite à une loi sur les violences de genre qui finalement n'est jamais passée depuis 2016. Et il y a de nouvelles controverses qui ont émergé. Donc ça pouvait être sensible parfois d'utiliser ce terme-là. Et un autre défi qu'on a rencontré en Mauritanie, c'est le fait que le statut des filles et des garçons varie drastiquement d'une communauté à une autre.
Les analyses de genre sont assez sensibles, mais en plus, elles requièrent vraiment une analyse intersectionnelle, les questions d'ethnicité et de la langue sont sensibles, sont des sujets très politiques. Donc, on a dû faire face à ces défis-là, pour intégrer la question du genre de façon contextualisée, mais néanmoins profonde, dans l'analyse sectorielle.
Ce qu'on a remarqué, c'est que la façon dont le genre est introduit compte beaucoup. C'est-à-dire qu'on a travaillé avec à la fois les responsables de chapitres à l'interne et avec l'équipe nationale, pour renforcer les capacités sur la compréhension de la notion de genre.
Et donc, pour adresser ces enjeux-là dans l'analyse sectorielle, on est allé un peu plus loin que juste de constater ces disparités, pour essayer de comprendre les causes profondes, en fait, de ces inégalités-là. Et ce qu'on a pu observer, c'est qu'il y avait des disparités de genre très fortes, même dans des niveaux éducatifs où on n’observait pas de différence entre les garçons et les filles au niveau de l'accès. On observe que dans les raisons de l'abandon scolaire, là, il y a des différences de genre très marquées. Donc les filles sont quasi exclusivement touchées par les questions liées aux normes de genre, de mariages précoces ou de grossesses. Alors que… La nécessité d'avoir une activité rémunérée affecte exclusivement les trajectoires scolaires des garçons. Donc, c'est important de catégoriser ce genre de barrières-là dans l'analyse… puisque ensuite, dans un second temps, ça permet de développer des plans sectoriels… qui adressent véritablement de façon efficace les différents défis en termes de genre, à la fois pour les filles mais aussi pour les garçons.
Anne Cocard : L'IIPE travaille avec les ministères de l'Éducation, ainsi qu'avec leurs partenaires et les communautés locales, pour les aider à comprendre pourquoi l'exclusion persiste… et pour développer des solutions personnalisées, en plaçant l'équité et le genre au cœur de la planification, des politiques, des budgets et des réformes éducatives.
Fabricia Devignes est responsable de l'Initiative Priorité à l’Égalité, Gender at the Centre initiative, ou GCI, coordonnée par l'IIPE-UNESCO et l'Initiative des Nations unies pour l'éducation des filles.
Lancé en 2019 par les ministères de l'Éducation du G7, cette initiative renforce les capacités des ministères de l'Éducation des pays africains à inclure l’équité de genre dans leur planification, et à intégrer les questions de genre dans les budgets et les politiques, pour que toutes les filles, et tous les garçons, bénéficient d'une éducation complète, de qualité et transformatrice en matière de genre.
Fabricia explique que l'initiative encourage les responsables de la planification de l'éducation à adopter une approche « transformatrice », pour reconnaître les défis auxquels sont confrontées les femmes, les filles et les populations marginalisées dans leur pays… et pour trouver des moyens de les soutenir.
Fabricia Devignes : Donc les approches transformatrices sont celles qui favorisent l'examen critique des inégalités et des rôles, normes et dynamiques liées au genre. Cela signifie que les programmes, les politiques, les plans d'action doivent aller au-delà des efforts qui visent à atteindre la parité dans l'éducation. Mais qu'au contraire, ces approches s'attaquent aux causes profondes des inégalités fondées sur le genre. Et nous promouvons cette approche par le biais de l'initiative Priorité à l'égalité, ou GCI, Gender at the Center initiative. Donc, nous travaillons avec les gouvernements et les organisations de la société civile, main dans la main et de manière holistique. Et cela signifie que nous agissons à tous les niveaux des systèmes et des politiques aux pédagogies, en passant par l'engagement communautaire dans l'idée de transformer les stéréotypes, les attitudes, les normes et les pratiques dans les politiques éducatives, à la fois dans les institutions, mais aussi dans les communautés. C'est vraiment comment on applique l'approche transformatrice de genre dans nos programmes.
Anne Cocard : Jusqu'à présent, dans quelle mesure les pays ont-ils été réceptifs aux activités de la GCI ainsi qu'à d'autres initiatives qui visent à accélérer les progrès en matière d'égalité entre les hommes et les femmes ? Avez-vous rencontré des résistances ?
Fabricia Devignes : Alors, les gouvernements sont de plus en plus en demande d'intégrer l'égalité de genre dans leurs politiques. Mais bien sûr, c'est le parcours pour intégrer l'égalité de genre n'est pas sans embûches… Ça peut s'avérer fragile, notamment face à des défis et les résistances se situent à différents niveaux, et elles se manifestent aussi bien à l'intérieur des institutions, donc dans les écoles, dans les autorités éducatives locales… au niveau central, mais aussi à l'extérieur, donc dans nos sociétés et parmi nous, nos dirigeants et nos dirigeantes. Et donc les stratégies de lutte contre les résistances… doivent commencer par une compréhension éclairée des raisons de cette résistance, qui sont souvent complexes… nous avons appris la valeur d'investir dans des activités de développement des capacités qui aident à comprendre et à développer des stratégies pour contrer ces résistances.
Augustina Apakasa : Le nouveau ministre de l’Éducation souhaite vraiment promouvoir l'éducation des filles.
Anne Cocard : Augustina Apakasa est directrice adjointe de la cellule Genre au ministère fédéral de l'Éducation du Nigeria.
Le Nigeria a réalisé une nouvelle feuille de route pour l'éducation jusqu'en 2027. Elle comprend un chapitre consacré à l'éducation des filles intitulées « Girl Child Education », l’éducation de la fille.
Ce programme a été adopté par le ministre.
Augustina Apakasa : Nous l’avons convaincu d'inclure un chapitre sur le genre dans ce document. Nous allons maintenant commencer à le mettre en œuvre avec les acteurs institutionnels. Pour voir comment ils peuvent aussi développer leur propre feuille de route… et aussi avoir un chapitre consacré à l'éducation des filles.
Anne Cocard : Qu'est-ce qui vous a amenée à vous spécialiser dans la promotion de l'éducation des filles, de l'égalité des genres et de l'équité en matière d'éducation ?
Augustina Apakasa : Eh bien, peut-être le fait que je suis une femme, et puis qu'en raison de ce que j'avais déjà réalisé au ministère, la direction a estimé que je devais être la meilleure personne pour occuper ce poste. Et nous avons découvert qu’au Nigeria nos femmes et nos filles sont d’une certaine manière marginalisée. Vous savez, on ne leur donne pas la même priorité qu’aux garçons. Et puis, nous avons aussi vu qu’il y a de nombreuses filles qui ne sont pas scolarisées. Il nous faut donc veiller à ce qu'elles retournent à l'école. Il y a un adage qui dit que si l'on éduque une fille, on éduque une nation. Ça pourrait être notre slogan.
Anne Cocard : Au sujet de la mise en œuvre de l’équité et de l’égalité de genre. Avez-vous des conseils ou des idées sur ce qui peut vraiment aider à faire d'une politique d'égalité et d'équité de genre une réalité ?
Augustina Apakasa: On pourrait dire que l'élaboration de la politique au Nigeria ne pose pas de problème, mais que la mise en œuvre de cette politique en devient parfois un. La feuille de route pour le secteur de l'éducation au Nigeria… avant qu'elle soit élaborée, le ministre a consulté le comité, et le comité a impliqué de nombreuses personnes, de nombreuses parties prenantes du secteur de l'éducation. Vous savez, ils ont impliqué des professeurs d’universités, des leaders traditionnels. Ils ont impliqué les membres de la communauté. Parce que nous savions qu'en fin de compte, ce document devait être transmis dans tout le pays pour qu'ils le mettent en œuvre. Mon conseil est donc le suivant : si on élabore un document, il faut organiser en amont une série de réunions avec les personnes concernées, il faut aller auprès des communautés et faire en sorte que les filles aussi fassent partie des réunions. Et je tiens à féliciter le ministre de l'Éducation pour avoir fait tout ça. Il a inclus un grand nombre de personnes et c'est pourquoi mettre en œuvre cette feuille de route ne sera pas difficile pour nous.
Anne Cocard : Comment la budgétisation prenant en compte le genre peut-elle contribuer à garantir la mise en œuvre et le progrès ?
Augustina Apakasa : Par le passé, il n'y avait pas de budget pour le genre. Mais bon, au moment où on parle, nous en avons un pour cette année. Je ne sais pas ce qui se passera lorsque je quitterai mon poste de responsable du budget, mais j'espère que toutes les personnes qui resteront... et la nouvelle personne qui entrera en fonction, se battront également et veilleront à ce qu'un budget soit alloué aux activités liées à l’égalité des genres au sein du ministère.
Anne Cocard : Comment l'Initiative Priorité à l’Égalité a-t-elle soutenu votre travail au sein du ministère et accéléré les progrès en matière d'éducation des filles et d’équité de genre ?
Augustina Apakasa : Grâce à cette initiative, des secrétaires permanents de 7 États du Nigeria ont pu être formés sur les questions de genre. Avant cette formation, il n’y avait pas de « bureaux genre » dans leurs ministères. Après la formation, chacun est retourné dans son État, et des bureaux genre ont pu être mis en place. Avant la formation, on négligeait l’importance d’avoir des responsables de ces bureaux. La formation a permis d’insister sur la nécessité d’avoir des bureaux genre dans leurs différents ministères, c'était très important et nécessaire.
Anne Cocard : La sensibilisation constitue une partie importante du travail de l'Initiative Priorité à l’Égalité.
Jihane Lamouri, planificatrice de l'éducation sensible au genre à l’IIPE-UNESCO, a travaillé avec la Mauritanie pour intégrer le sujet du genre dans le développement du ‘Rapport d'état sur le système éducatif national’ ou RESEN… Dans le document, mais aussi dans le processus :
Jihane Lamouri: Dans un premier temps, l'ensemble des données des différents chapitres ont été présentés de façon désagrégée. Toutes les analyses des données ont souligné quand pertinent les disparités ou l'absence de disparités sur les questions de genre. Et puis, le genre a également fait l'objet d'une analyse spécifique dans un chapitre… dans lequel on a cherché à répondre à trois questions. Donc d'abord: quelles étaient les disparités de genre en termes d'opportunités éducatives... Dans un deuxième temps… on a exploré les obstacles à l'égalité de genre. Donc l'analyse de l'environnement en dehors de l'éducation... En soulignant notamment aussi les enjeux liés à l'absence de données, qui mérite d'être souligné. Et enfin dans ce RESEN. On a également regardé les questions d'institutionnalisation du genre dans les établissements scolaires et… dans les administrations éducatives... En regardant d'une part, la représentation des femmes au sein du corps enseignant. Mais aussi au sein de l'encadrement pédagogique, donc l'inspecteur, et cetera. Au sein des postes de direction, dans les établissements, et aussi dans les structures centrales et décentralisées de l'administration éducative.
Donc, on a essayé de traiter de façon holistique de la question du genre et au cours du processus. En fait, ce qu'on a fait, donc… sensibiliser et former l'équipe nationale sur l'intégration du genre… dans le processus de planification politique. L'identification aussi d'alliés au sein du ministère pour porter ces questions-là auprès des différents acteurs. Et enfin d'analyser vraiment toutes les données dans une perspective de genre.
Anne Cocard : Il s'avère que l'un des moyens d'aider les filles et tous les élèves finalement - à rester à l'école et à réussir est la présence de femmes à la tête des écoles.
L'IIPE a récemment publié un rapport montrant l’influence positive des directrices d’école sur l'apprentissage des élèves.
Le rapport est basé sur des données provenant de 14 pays d'Afrique francophone. Elles ont été produites dans le cadre du projet sur le leadership des femmes dans les apprentissages (Women in Learning Leadership, WiLL) de l'IIPE et de l'UNICEF.
Fabricia Devignes, responsable de l'Initiative Priorité à l’Égalité, explique que quatre de ces pays se distinguent par la corrélation positive entre le sexe de la personne à la tête de l'établissement et les résultats d'apprentissage : le Bénin, Madagascar, le Sénégal et le Togo.
Fabricia Devignes : dans ces pays, le fait d'être inscrit dans une école dirigée par une femme est associée à de meilleurs résultats en lecture et en mathématiques, que les élèves qui sont inscrits dans une école dirigée par un homme. Donc il est possible que certaines pratiques qui ont été mises en place par les femmes contribuent à créer un environnement favorable à l'apprentissage des élèves. Par exemple, l'organisation de rencontres plus régulières avec les parents, les systèmes de tutorat et de suivi plus rigoureux, rigoureux de l'assiduité des enseignants. Et aussi un climat plus collaboratif lorsqu'une femme est à la tête des établissements. Et les directrices d'école créent aussi un environnement plus rassurant pour les filles. Donc, nous devons vraiment encourager l'adoption de ces pratiques positives par les hommes et les femmes. Autre résultat intéressant qu'on a observé… c'est que cette étude indique que les femmes sont sous-représentées dans les postes de direction des écoles. En moyenne, 22 % des élèves de ces quatorze pays ont une directrice. Donc promouvoir la représentation des femmes directrice d'école est un pas important vers la transformation des normes sociales et des stéréotypes de genre. Et le fait d'être en contact avec une directrice d'école est susceptible de modifier les aspirations des filles et de leurs parents, en termes de perspectives d'avenir et de motivation pour les études. Ça peut également modifier la perception qu'ont les garçons de la place des femmes dans la société…
Anne Cocard : quels progrès avez-vous observés dans la promotion de l'égalité de genre dans et par l'éducation, en lien avec l'implication dans des projets dans des pays d'Afrique subsaharienne ?
Fabricia Devignes: l'impact a été significatif. Environ un millier de fonctionnaires de ministères… de 40 pays africains ont été formés aux politiques et à la planification de l'éducation sensibles au genre. Plusieurs gouvernements de la région ont inclus l'égalité de genre dans leurs plans sectoriels, et aussi dans les réformes du secteur de l'éducation. L'initiative a aussi fourni aux ministères de l'Éducation de plusieurs pays un diagnostic institutionnel… qui mesure l'intégration du genre au niveau programmatique et organisationnel et fournit des recommandations appropriées pour l'intégration du genre dans leur fonctionnement interne, mais aussi dans leurs politiques et leurs programmes. L'initiative a permis aussi de sensibiliser 2 millions de personnes, qui ont pu recevoir des informations sur l'éducation des filles et les normes sexistes qui leur sont en défaveur, grâce notamment à des communications radio, des communications télévisées et aussi des sessions de dialogue avec les étudiants, les parents et le personnel des écoles.
Anne Cocard : quelles sont les prochaines étapes pour aller vers plus d'égalité et d'équité dans l'éducation?
Fabricia Devignes: Alors l'IIPE continuera à porter haut et fort les couleurs de l'égalité de genre dans et par l'éducation. Et a appelé à la responsabilité de toutes et tous, et à différents niveaux pour que l'égalité de genre reste une priorité. Donc l'un des moyens d'y parvenir… c'est de le faire à travers nos communautés de pratiques qui vise à renforcer le mouvement en faveur d'une éducation transformée en matière de genre. Parce que nous reconnaissons qu'il est difficile pour les décideurs et les décideurs de faire évoluer leur gouvernement et leurs institutions. Et donc, pour nous, rester en contact avec des membres de notre communauté, en permettant des échanges de connaissances et d'expériences, nous pouvons soutenir leur cause et nous travaillerons également avec d'autres au niveau global pour convenir d'objectifs communs et d'approches de mesures des progrès. Nous continuerons évidemment de travailler avec les gouvernements et nous percevons vraiment notre rôle comme celui d'un accompagnateur, de celui qui marche côte à côte n'apportons pas de solutions, mais développant des capacités, et apporter notre expertise pour soutenir la mise en œuvre de projets politiques des gouvernements. Enfin, et c'est peut-être là où nous prévoyons le plus de potentiel, c'est que les gouvernements nationaux et les autres parties prenantes reconnaissent de plus en plus le pouvoir des données et des évidences et l'IIPE est un acteur clé dans la production et l'application des connaissances et d'idées nouvelles et innovantes. Donc, nous continuerons vraiment à travailler en collaboration avec d'autres partenaires, afin que les nouvelles connaissances et les nouveaux outils soient pertinents pour les pays avec lesquels nous travaillons.
Anne Cocard : L’Initiative Priorité à l’Égalité entrera bientôt dans sa deuxième phase, et poursuit sa mission d’aide auprès des pays pour accélérer les progrès en matière d’équité de genre dans et par l'éducation.
Comme l’a remarqué Fabricia Devignes, il s’agira de porter une attention renouvelée à l'utilisation des données et des éléments de preuves. Cela implique aussi un engagement continu à développer les capacités des ministères et des organisations de la société civile pour favoriser le dialogue et renforcer les alliances entre acteurs clés. Sans oublier de développer des outils efficaces pour l'élaboration de politiques ainsi que la planification tenant compte de la dimension de genre.
Vous trouverez plus d’informations sur le rôle de la planification pour faire avancer les progrès dans l’équité des genres sur notre site internet : www.iiep.unesco.org/fr
Rejoignez-nous pour notre prochaine édition, où nous nous pencherons sur les politiques et les stratégies qui contribuent à créer un avenir plus équitable et plus durable, dans et par l'éducation.