Réussir la mise en œuvre d’un plan : la leçon des Comores

   Par Koffi Segniagbeto

 

Atteindre les objectifs définis dans un plan éducatif est une préoccupation majeure des gestionnaires de l’éducation. Aux Comores, ceux-ci ont tenu à prendre en compte leur contexte national.

Au lieu de s’engager dans un programme sectoriel de long terme dont les exigences étaient loin d’être réunies, les autorités ont opté en 2016 pour un deuxième plan de transition de l’éducation, dont l’objectif principal est de poser les jalons pour la mise en place ultérieure d’un plan décennal. En effet, lors du premier plan triennal, les capacités institutionnelles n’ont pu être suffisamment développées, faute de temps. En outre, les responsables du ministère et les partenaires de développement ont estimé qu'un deuxième plan à court terme pourrait aider à jeter les bases d'un plan décennal plus fort, dans lequel les objectifs pourraient être atteints de manière réaliste. Parmi les leçons que l’ensemble des observateurs a tirées de ce précédent plan figure la nécessité de prendre en compte la fragilité du contexte national et des institutions. 

Une des caractéristiques essentielles de la/cette ? fragilité réside dans la faiblesse des capacités de mise en œuvre, non seulement au niveau des individus mais également et surtout au niveau des institutions en charge du secteur. Pour y remédier, le gouvernement et ses partenaires ont décidé de donner la priorité au renforcement des capacités, notamment institutionnelles, dans le cadre du nouveau processus. Une analyse des forces et des faiblesses des institutions éducatives comoriennes a donc été conduite à Moroni, la capitale, et dans les trois administrations insulaires. Cela a permis de recenser des éléments qui nourriront la stratégie sectorielle et le plan d’action à court et moyen termes. Cette analyse qualitative a été menée parallèlement à un diagnostic plus quantitatif de la performance du secteur éducatif. L’une des réussites de ce travail a été de voir le gouvernement, les cadres nationaux, les partenaires techniques et financiers et tous les observateurs s’accorder sur les blocages à lever au niveau individuel et collectif pour que le futur plan puisse être mis en œuvre avec succès. 

L’analyse institutionnelle a également nourri un plan détaillé de renforcement des capacités des individus, des structures et du cadre réglementaire des institutions éducatives. En tant que composante essentielle du plan de transition de l’éducation, au côté des deux autres composantes plus traditionnelles que sont l’accès et la qualité, le plan de renforcement de capacité offre un cadre idéal nouveau pour : 

  • redéfinir, au niveau central et au niveau des îles, les rôles et les responsabilités des institutions en charge du secteur de l’éducation et de la formation ; 
  • fluidifier la coordination et la communication entre les différents acteurs ;
  • rendre plus efficaces des fonctions clefs telles que la planification, la budgétisation, l’encadrement pédagogique et le suivi-évaluation. 

Ces actions ont pour finalité d’améliorer la gouvernance et le pilotage du secteur de l’éducation, mais aussi de préparer le terrain pour mettre en œuvre avec succès le plan décennal qui devrait succéder au second plan de transition.

L’IIPE a appuyé le gouvernement et ses partenaires tout au long de ce processus, depuis le début du diagnostic jusqu’à l’élaboration du plan d’action triennal budgétisé. Entre autres avantages, cet accompagnement continu a permis d’instaurer un lien étroit entre les différentes phases et éléments de la chaîne : diagnostic, modèle de simulation, stratégie, plan sectoriel et plan d’activités. C’est un véritable motif de satisfaction quand on sait que, dans de nombreux pays, les étapes du processus d’élaboration de programmes sectoriels sont souvent insuffisamment liées entre elles, notamment en raison de l’intervention de multiples acteurs ayant des connaissances limitées de ces différentes phases. 

Reste à transformer la programmation sectorielle en véritable succès par une phase de mise en œuvre qui ne réussira qu’accompagnée d’une forte volonté politique. 

Suggestion : Reste à transformer la programmation sectorielle en véritable succès, dont la clé sera une phase de mise en œuvre soutenue par une réelle volonté politique. 

 

 

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