SOULIGNER LES CONSÉQUENCES DE LA DÉCENTRALISATION FINANCIÈRE

  Par Marcelo Souto Simão, spécialiste du programme, IIPE-Buenos Aires, et Mariela Buonomo Zabaleta, spécialiste du programme, IIPE 

 

La réalisation de l'ODD 4 exige que les financements parviennent jusqu'aux écoles et que les ressources soient judicieusement utilisées. Mais comment les systèmes de gouvernance influencent-ils l’utilisation des ressources ?

La décentralisation est censée permettre des investissements plus cohérents, plus pertinents et plus rentables. Depuis les années 1980, le transfert du pouvoir de décision aux échelons infranationaux de gouvernement et aux responsables scolaires dans la définition des cursus et des programmes d’apprentissage, la gestion des carrières des enseignants, les infrastructures scolaires, etc., fait partie des axes de réforme dans pratiquement tous les pays. 

Les arguments en faveur de ces politiques reposent sur le principe que des acteurs au plus près du terrain sont mieux à même d’intégrer les besoins véritables dans les prises de décision. D’autres estiment qu’en responsabilisant les autorités infranationales et les acteurs scolaires, on renforce les capacités à mobiliser des ressources pour offrir des services de qualité. La décentralisation est par ailleurs associée à une gouvernance plus démocratique d’un système public d’éducation. 

En dépit de toutes ces vertus présumées, les tendances internationales ne sont pas toujours convergentes. Plusieurs pays ayant décentralisé la gestion de leurs systèmes éducatifs sont récemment revenus à une forme de recentralisation, tandis que d’autres ont accentué le transfert des responsabilités aux acteurs opérant aux échelons inférieurs. Certaines réformes visant à un retour partiel aux politiques de décentralisation antérieures s'efforcent d'assurer un traitement équitable des écoles gérées par des systèmes décentralisés et caractérisés par de graves disparités régionales. Dans certains cas, elles cherchent aussi à compenser la fragilité des capacités institutionnelles. 

Les données empiriques sur l’impact des réformes abondent dans les deux sens, mais, malheureusement, elles ne s’accumulent pas : chaque étude adopte une définition de la décentralisation différente, voire contradictoire. La pluralité des cadres analytiques limite les échanges entre recherches traditionnelles, et les études de cas individuels prennent le pas sur les études comparées qui auraient pu conduire à des conclusions plus générales. Plus surprenant, rares sont les travaux à s’intéresser directement à la question de savoir si la décentralisation entraîne une utilisation plus efficace des moyens disponibles. L’IIPE s’efforce de combler ce manque de connaissances avec une nouvelle recherche qui analyse l’impact de la décentralisation financière sur l'efficience, l’efficacité et l’équité des systèmes éducatifs. 

Lancée en janvier avec le soutien de la Commission internationale sur le financement des opportunités éducatives mondiales, la première étape du projet, qui est en voie de finalisation, cherche à décrire les différentes modalités institutionnelles régissant le transfert du pouvoir de décision. Cela couvre la répartition des compétences réglementaires, exécutives et de contrôle, la décentralisation des ressources financières et la conception des mécanismes de responsabilité. 

Portant sur une vingtaine de pays en Afrique, en Amérique et en Europe, ce travail de recherche étudiera les alternatives pour une analyse quantitative et qualitative approfondie dans le but d’établir les relations causales entre décentralisation et résultats de l’action publique. Le rapport final, les bases de données et les outils de recherche seront pleinement accessibles pour favoriser la collaboration entre universitaires et praticiens.

 

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