Tirons pleinement parti des données d'évaluation des apprentissages !

03 Mars 2023

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©Felix Lipov/Shutterstock.com

En pleine crise mondiale de l’apprentissage, l'IIPE-UNESCO dévoile sa nouvelle publication L'utilisation des données d'évaluation des apprentissages pour la planification de l'éducation en Afrique subsaharienne. Menée dans six pays de la région, l'étude cherche à comprendre pourquoi les données émanant des évaluations des élèves sont souvent sous-exploitées. Elles sont pourtant un outil précieux pour contribuer à améliorer la qualité globale de l'éducation. 

Bien que l'accès à l’éducation se soit massivement développé au cours des dernières décennies, des centaines de millions d'élèves n'acquièrent toujours pas les compétences fondamentales pour assurer leur avenir. La crise mondiale de l'apprentissage, aggravée par la pandémie de COVID-19, est particulièrement aiguë en Afrique subsaharienne. Dans la sous-région, neuf enfants sur dix ne sont pas en mesure de lire et de comprendre un texte simple à l'âge de 10 ans.

Face à cette réalité, les ministères de l'Éducation et les partenaires doivent se concentrer sur le renforcement des capacités nécessaires pour mettre en œuvre, comprendre et utiliser les données d'évaluation des apprentissages afin d'informer la planification de l'éducation pour transformer l'alphabétisation et l'apprentissage.

Pourquoi et comment utiliser les évaluations d'apprentissage à grande échelle ? 

Analyser les résultats des élèves est essentiel pour mesurer l'ampleur de la crise de l'apprentissage et la performance globale des systèmes éducatifs. Au sein d’un même pays, plusieurs types d'évaluations menées à grande échelle coexistent généralement : 

  • les tests internationaux (PISA-D ou TIMSS, par exemple) ;
  • les évaluations régionales (comme le PASEC ou le SEACMEQ en Afrique) ;
  • les évaluations nationales, propres à chaque pays.

Si la mise en place de ces tests s’est démocratisée en Afrique subsaharienne ces dernières années – comme dans la plupart des pays à faible revenu –, les données qui en découlent sont rarement utilisées de manière efficace dans la planification de l'éducation. Par conséquent, au-delà du diagnostic des apprentissages à un moment T, les évaluations peuvent difficilement tenir leur promesse d'améliorer la qualité de l'éducation.

Fondée sur les résultats d’une recherche de l'IIPE menée en Gambie, au Ghana, en Guinée, en Namibie, au Sénégal et en Zambie, la publication signée Ieva Raudonytė et Tuamanaia Foimapafisi explore les dynamiques complexes de l'utilisation des données d'apprentissage. Elle propose également des recommandations spécifiques aux ministères de l'Éducation, aux équipes nationales d'évaluation et aux partenaires internationaux qui soutiennent les systèmes d’évaluation des apprentissages.

Production et utilisation des données : les deux faces d'une même pièce 

Manque de capacités pour analyser les données, difficultés d'intégration des données d'évaluation avec d'autres sources de données, absence de feedback entre les différents niveaux administratifs : de nombreuses raisons peuvent expliquer l'utilisation limitée des données d'apprentissage dans la mise en œuvre des politiques éducatives. L'absence d'un cadre politique complet pour la production de données d'apprentissage empêche également leur utilisation efficace, tout comme les obstacles financiers et techniques, entre autres facteurs décrits dans la publication. 

L’étude met également en lumière les facteurs qui facilitent l'utilisation des données d'apprentissage pour la planification. Alors qu'une politique nationale d'évaluation est essentielle pour permettre une compréhension commune, l'implication des acteurs concernés dans leur conception est tout aussi indispensable pour répondre aux préoccupations de terrain. 

Enfin, mieux relier les données d'évaluation des apprentissages entre elles, et les croiser avec d’autres ensembles de données, peut enrichir considérablement les informations fournies aux responsables de la planification. Au Sénégal, par exemple, les données d'apprentissage provenant d'au moins sept évaluations différentes sont analysées de manière isolée, sans mécanismes permettant de mettre en perspective les résultats des unes par rapport aux autres. Connecter ces données d'évaluation de l'apprentissage à d'autres variables affectant l'apprentissage des élèves, comme la santé, pourrait éclairer les décisions de planification, comme l'allocation de ressources financières, matérielles et humaines supplémentaires à certaines populations en âge d’aller à l’école ou à certaines régions. 

Évaluer les apprentissages à grande échelle et assurer l’utilisation efficace des données qui en émanent sont des tâches gourmandes en ressources. Cela requiert de solides capacités financières, humaines et techniques qui font souvent défaut dans les pays étudiés. (...) Pour améliorer l'utilisation des données d'apprentissage, il faut d’abord se concentrer sur le développement des capacités. 

- Ieva Raudonytė et Tuamanaia Foimapafisi

Pour mieux utiliser les résultats d’évaluation, suivez le guide !

Le développement et l'amélioration des systèmes d'évaluation des apprentissages sont à l'ordre du jour dans de nombreux pays, au-delà de l'Afrique subsaharienne. Sur la base de ce projet de recherche, les trois bureaux de l'IIPE-UNESCO se sont engagés dans une réflexion plus large sur l'utilisation des données dans la planification et l'élaboration des politiques. 

Tirant parti des connaissances et des expériences acquises partout dans le monde, l’Institut développe ainsi une nouvelle méthodologie. L’objectif est de permettre à n’importe quel pays d’auto-évaluer son utilisation des résultats d’évaluation des apprentissages et d’intégrer efficacement les données aux différentes étapes du cycle de planification de l'éducation. Ce nouveau guide proposera un ensemble de conseils techniques et de checklists faciles à utiliser.

 

Utiliser les évaluations des apprentissages dans le cycle de planification :
Télécharger le document de travail (en anglais)

Sur la base d’une expérimentation menée au Niger dans le cadre de son programme l’appui au pilotage de la qualité de l’éducation, l’IIPE Dakar a en outre développé une stratégie d’intervention originale et innovante en trois étapes. Elle entend aider les acteurs de l’éducation, en particulier ceux situés aux niveaux les plus proches des élèves, à mieux utiliser la mine d’informations produites par les systèmes éducatifs. Et en particulier à exploiter plus efficacement les données d’évaluation des apprentissages dans les pratiques de travail quotidiennes au sein des ministères, des structures déconcentrées et même des écoles... de sorte à améliorer la qualité de l’éducation en bout de course.

Gros plan sur la Guinée 

Dans chacun des six pays sélectionnés, le travail de recherche de l’IIPE a débouché sur la conception de notes d’orientation politique destinées aux autorités nationales, toutes accessibles en ligne. En Guinée, une étude de cas complète a en outre été publiée, fournissant une synthèse détalillée à l'analyse et des recommandations de l'IIPE.

Dans les archives : série de webinaires sur l'utilisation des données d'évaluation de l'apprentissage en Afrique subsaharienne

Retrouvez gratuitement une série de trois webinaires de l'IIPE sur l'utilisation des données d'évaluation de l'apprentissage en Afrique subsaharienne. Ils rassemblent des experte et experts du monde entier pour discuter des sujets suivants :

  1. Utilisation des données d'apprentissage dans le cycle de planification de l'éducation : modalités et obstacles
  2. Politiques et cadres institutionnels pour l'utilisation des données d'évaluation des apprentissages
  3. Exploration des interactions entre les acteurs et l'utilisation des données d'apprentissage