Un essor de la demande pour l'enseignement secondaire

25 Juin 2019

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© UN PHOTO/MARCO DORMINO

Par Beifith Kouak Tiyab, Coordinateur adjoint, IIPE-Pôle de Dakar

En Afrique subsaharienne, les progrès récents au niveau de l'enseignement primaire signifient que de plus en plus d'enfants sont en mesure d'accéder à l'enseignement secondaire. Que faut-il faire pour que cela devienne une réalité ? 

Au cours des vingt dernière années, l’Afrique subsaharienne a fait des avancées indéniables dans l’accès à l’enseignement primaire et son achèvement. Le taux d’accès en première année de primaire avoisine aujourd’hui les 100 %, tandis que le taux d’achèvement du cycle est passé de 54 % en 2000 à 70 % en 2017. Si de nombreux enfants restent encore exclus de l’éducation primaire, ces résultats constituent une évolution positive.

Conséquence directe de cette massification du primaire, de plus en plus d’enfants frappent désormais à la porte du secondaire premier cycle. Toutefois, les données actuelles indiquent qu’en moyenne seuls 6 enfants sur 10 accèdent effectivement à la première année du secondaire premier cycle. Même si plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont supprimé l’examen de fin de primaire ou le concours d’entrée au secondaire, la transition entre primaire et collège doit encore s’améliorer.

L’insuffisance de l’offre scolaire est certainement le premier facteur qui limite l’accès au secondaire. L’accès d’un élève sortant du primaire au secondaire suppose en effet l’existence d’une place disponible au sein d’un établissement secondaire dans sa localité ou une localité proche. Or, dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, si l’offre d’enseignement primaire est relativement bien développée, l’offre d’enseignement secondaire l’est nettement moins et ne permet donc pas à tous ceux qui achèvent le primaire de poursuivre en secondaire. C’est particulièrement notable dans les zones rurales ou les zones éloignées des grands pôles urbains. Cela limite de fait l’accès des enfants des milieux ruraux ou des familles défavorisées au secondaire premier cycle.

Un deuxième volet d’amélioration est dans l’organisation pédagogique du secondaire. La spécialisation des enseignants par discipline peut se révéler coûteuse. Au niveau primaire, un seul enseignant suffit pour prendre en charge une classe, mais il en faut bien davantage au secondaire pour couvrir l’ensemble des disciplines du programme. Cela peut revenir très cher sans modalités efficaces de gestion pour optimiser l’utilisation des enseignants, en particulier dans les établissements à faible effectif.

Dans les décennies à venir, avec la croissance démographique élevée du continent africain et les progrès dans l’achèvement du primaire, ce sont des millions d’enfants qui seront amenés à poursuivre leur scolarisation. Penser qu’une simple suppression mécanique des filtres de l’examen de fin du primaire ou du concours d’entrée au collège va permettre d’offrir un continuum d’enseignement de base à tous ces enfants est illusoire. La généralisation de l’accès au secondaire est un nouveau défi qui s’impose aux États africains.

Des réformes seront nécessaires pour apporter une réponse adaptée. Au niveau institutionnel, les États pourraient gagner en efficacité et cohérence à placer l’enseignement de base sous la tutelle d’un seul ministère avec une attention accrue pour le financement du secondaire premier cycle. Au niveau opérationnel, il serait bénéfique d’assurer un curriculum cohérent et continu entre le primaire et le collège ; d’adapter le profil des enseignants, d’en former en quantité suffisante et d’optimiser leur gestion ; de développer des établissements d’enseignement de base qui englobent à la fois le primaire et le secondaire premier cycle ; d’offrir des alternatives vers une formation professionnelle de qualité.

Il n’y a certainement pas de recette miracle. Les pistes découleront d’une réflexion stratégique de chaque pays pour lever les différentes contraintes pour une transition réussie vers le secondaire afin d’offrir à tous les enfants un cycle complet d’enseignement de base gratuit et de qualité, conformément aux engagements de l’agenda Éducation 2030.