Où construire de nouvelles écoles : une nouvelle méthodologie pour les ministères

28 Mars 2024

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Annalucia/Shutterstock.com
L'école primaire de Kaibola construite sur pilotis dans la province de Milne Bay, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Les écoles font partie intégrante de leur environnement, qu'elles soient situées près de côtes, de lignes de faille, ou insérées dans un contexte politique ou socio-économique complexe. Elles ne peuvent être comprises - ni planifiées ou gérées - en dehors de leur environnement.

Une nouvelle note technique de l'IIPE (en anglais) est désormais disponible pour aider les ministères de l'Éducation à identifier les emplacements optimaux pour les écoles en utilisant une méthodologie géospatiale qui évalue les dangers, les risques et d'autres variables pour déterminer où construire de nouvelles écoles, et quelles écoles rénover en fonction des risques actuels.

« Une fois que les risques ont été cartographiés au niveau local, les données géospatiales sur les établissements scolaires peuvent être utilisées pour trianguler ces informations et ensuite identifier les établissements les plus susceptibles d'être impactés par ces risques », écrivent Germán Vargas Mesa et Amélie A. Gagnon, de l'IIPE-UNESCO, et Ayeisha Sheldon, du Centre satellitaire des Nations unies, qui ont rédigé la note technique. 

Dans un contexte de changement climatique, l'emplacement des écoles est crucial

Avec un milliard d'enfants exposés à un très grand risque en raison des effets du changement climatique dans le monde, il est primordial de comprendre le paysage environnemental avant de se lancer dans la construction d'une nouvelle école.

Mais le choix de l'emplacement des nouvelles écoles est influencé non seulement par des questions environnementales, mais aussi par des considérations sociales, politiques et économiques. Traditionnellement, les techniques de micro-planification et de carte scolaire contribuaient à trouver des emplacements idéaux pour les écoles. Mais les données environnementales faisaient souvent défaut, et les informations sur les infrastructures existantes ou les normes en vigueur en matière d'implantation des écoles étaient obtenues à partir d'estimations approximatives, voire inexistantes.

Pour combler cette lacune, la nouvelle méthodologie permet de mieux planifier l'emplacement des écoles à l'aide d'une technique d'analyse décisionnelle multicritères, en évaluant les risques liés aux catastrophe naturels, y compris en lien avec le changement climatique, ainsi que leur rapport avec les normes et lois éducatives locales et d’autres facteurs.

Découvrez le modèle en action

L'Agence caribéenne de gestion des urgences en cas de catastrophe (CDEMA), OpenDevEd et UNOSAT ont utilisé le modèle géospatial pour mener des analyses du secteur de l'éducation dans les Caraïbes, où se situent certains des pays les plus exposés aux catastrophes dans le monde.

Sur l'île d'Antigua, les données provenant de sources de données ouvertes ne montraient que quelques établissements scolaires, avec des informations limitées. UNOSAT a cartographié 77 écoles supplémentaires, de la primaire au supérieur, comme le montrent ici les cartes interactives d'UNOSAT.

Investir intelligemment dans les infrastructures scolaires

La construction d'écoles représentant un investissement important pour les ministères de l'Éducation du monde entier, il est essentiel que les écoles soient construites et entretenues dans des lieux où les élèves et le personnel enseignant peuvent s'épanouir.
Dans la partie 1 de la méthodologie, les auteurs montrent comment identifier les établissements scolaires existants qui sont situés dans des zones à risque et peuvent être exposés, par exemple, aux inondations, aux volcans, à la pollution ou à la famine. Ces données sont ensuite utilisées dans la partie 2, où un modèle d'analyse décisionnelle multicritères identifie les zones les plus propices à l'implantation de nouveaux établissements d'enseignement.

Les utilisateurs peuvent sélectionner et pondérer divers critères relatifs aux risques existants, au terrain, à la couverture terrestre et à la connectivité, pour analyser des zones susceptibles d’accueillir de nouvelles écoles ou des établissements à relocaliser. Cela permet de s'assurer que l’apprentissage s’effectue dans des zones à faible risque et que les écoles sont construites avec des caractéristiques leur permettant d’être plus résilientes face aux catastrophes. Par exemple, les écoles situées dans des zones inondables peuvent avoir besoin de pilotis, tandis que celles situées dans des lieux sujets aux tremblements de terre doivent suivre des directives de construction spécifiques.

Cette méthodologie peut également aider à identifier des lieux plus sûrs où relocaliser des écoles existantes, lorsque la rénovation ou l'entretien ne sont pas envisageables. Combinée aux informations sur les infrastructures tirées des Systèmes d'information sur la gestion de l'éducation (SIGE), elle peut également aider les responsables de la planification à donner la priorité aux écoles à risque dans le cadre d'un programme d'amélioration des écoles.

La méthodologie utilise des données, des logiciels et de la documentation libres et gratuits, permettant aux utilisateurs de l’appliquer, la reproduire ou la personnaliser. Elle fournit également des orientations sur les sources de données, ainsi que des instructions étape par étape pour les techniques géospatiales.