Retour d'expérience sur la visite d'étude à Lyon et à Genève

29 Avril 2019

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Chantal (à gauche) dans un groupe de travail durant la visite

La visite d'étude annuelle est un moment fort de la formation à l'IIPE-UNESCO : cette année, les participants se sont rendus à Lyon et Genève. Suite à cette expérience, Chantal Ouattara, planificatrice de l'éducation au Burkina Faso, nous explique ce qu'elle a retenu de son voyage. 

Quelle partie de la visite avez-vous le plus appréciée ?

J’ai beaucoup apprécié la belle entrée que nous avons faite à Lyon, une entrée par l’histoire à travers la visite guidée. Elle nous a permis de découvrir la ville mais surtout de vivre sa construction au fil du temps : des vestiges des temps romains à la maison du futur, à travers les grands moments, les grandes figures de l’histoire et les divers monuments qui font la fierté de la ville.  

Je garde l’image des grandes peintures sur les immeubles où l’illusion et le réel se rencontrent pour raconter l’histoire de Lyon. C’est magnifique ! Tout cela me fait mieux comprendre le fait que la ville de Lyon soit inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO.

Quelle mesure a semblé être la plus significative pour promouvoir l’équité dans l’éducation ?

La mesure qui me semble être la plus significative pour promouvoir l’équité dans l’éducation est la mise en place des Réseaux d’Education Prioritaire (REP). Cette mesure s’inscrit dans les priorités politiques pour lutter contre les inégalités liées à l’origine sociale afin de répondre à l’exigence de justice et d'équité. Elle s’adresse donc aux catégories sociales en difficultés à travers des accompagnements spécifiques. Il s’agit, comme nous l'avons entendu, de donner plus pour faire plus, pour des élèves en difficultés scolaires. 

La réflexion étant centrée sur la difficulté scolaire, le réseau relie plusieurs écoles à un collège pour assurer l’éducation de base et permettre aux élèves en difficulté de respecter la scolarité obligatoire, qui va de six à seize ans. Sur le plan pédagogique, il s’agit de revoir la pratique en classe pour être en phase avec l’hétérogénéité des apprenants. Le réseau, c’est aussi la création d’un espace qui relie l’ensemble des acteurs autour d'un projet, avec des objectifs à atteindre qui seront évalués. 

Nous avons pu constater ces différentes dispositions lors de notre visite au REP Paul Emile Victor à Rillieux-la-Pape.

Existe-t-il des similitudes avec votre système éducatif ? A l’inverse qu’est-ce qui était le plus différent ?

Pour promouvoir l’équité et renforcer l’égalité des chances dans le système éducatif Burkinabé, un programme est dédié aux communes prioritaires. 43 communes prioritaires, identifiées selon les critères d’accès à l’éducation, de couverture scolaire et de niveau de pauvreté, bénéficient d’investissements supplémentaires (pour des constructions et ressources matérielles) en vue de réduire les disparités géographiques. Des fournitures et manuels scolaires sont également fournis à tous les élèves du post-primaire public (collège). Par ailleurs, il existe une subvention pour les frais de scolarités dans le post-primaire et au secondaire pour les filles en difficultés. Le Plan Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF 2017-2030) prévoit la poursuite de l’identification des communes prioritaires avec des plans d’actions spécifiques pour réduire leur retard de scolarisation.

Les réseaux d’écoles ne sont pas constitués avec des approches pédagogiques spécifiques. 

De quoi vous souviendrez-vous le plus de ce voyage, et comment a-t-il enrichi votre expérience globale de formation avec l’IIPE-UNESCO ? 

De ce voyage, je me souviendrai de beaucoup de choses qui ont enrichi mon expérience globale de formation à l’IIPE-UNESCO. Je retiens particulièrement la visite de la mairie de Saint-Pierre la Palud et des classes de l’ensemble scolaire Saint-Pierre la Palud, qui a montré une parfaite intégration des structures techniques du ministère de l’éducation et de la commune avec pour avantage la mutualisation des compétences et des ressources. Les collectivités sont parties prenantes du contrat d’objectifs, et la commune accomplit sa mission de soutien à l’éducation pour donner un sens aux apprentissages. 

Cette visite m’a aussi permis de constater l’articulation des éléments stratégiques et des éléments opérationnels. La commune s’est appropriée les objectifs stratégiques et les a adapté à son contexte, caractérisé par la ruralité, avec plusieurs écoles à une ou deux classes et des classes multi-niveaux. Ce contexte implique un travail plus collectif et une logique de partenariat ouvert sur les communes, avec une communauté de communes, qui permet un engagement de tous les acteurs pour atteindre les finalités du projet.

Je retiens que pour une gestion efficace de l’éducation, la mission stratégique doit organiser l’ensemble des énergies du territoire en donnant le pouvoir de décision au niveau le plus approprié.

Comment est-ce que votre pays, le Burkina Faso, favorise-t-il l’éducation inclusive ? Existe-il une politique spécifique pour l’éducation inclusive ? Comment pourrait-elle être renforcée ?

Le Burkina Faso met en œuvre une Stratégie Nationale de Développement de l’Education Inclusive (SNDEI 2018-2022) qui vise à contribuer au développement de l’éducation inclusive. L’inclusion désigne ici la prise en compte des couches défavorisées ou vulnérables, y compris celles vivant avec un handicap.

Au regard du taux d’achèvement globalement faible (en 2018, 63% au primaire, 40,6% au post-primaire et 14,8% au secondaire), le nombre d’enfants hors école reste considérable. La stratégie pourrait être renforcée par un dispositif de suivi et de prise en charge des jeunes décrochés pour réduire le risque de laisser des enfants d’âge scolaire en dehors de l’école.