Une planification innovante pour protéger l'apprentissage pour tous à l'heure du changement climatique

04 Décembre 2023

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Martchan/Shutterstock.com
Dans le village de Gayo, en Éthiopie, des femmes et des enfants recueillent de l'eau dans un bassin d'eau de pluie.

Appliquer un prisme climatique à la planification de l'éducation et aux formations innovantes, par exemple sur la manière de localiser les zones sujettes aux inondations et aux sécheresses, peut faire la différence dans l’éducation de pays tels que l'Éthiopie et le Soudan du Sud. Les experts de l'IIPE en planification de l'éducation sensible aux crises expliquent comment l'intégration d'approches sensibles aux crises peut protéger les apprentissages des générations actuelles et futures.

Conflits, conditions météorologiques extrêmes, inégalités généralisées : le monde fait face à une série de défis complexes. Mais les outils et les ressources nécessaires pour relever ces défis sont également disponibles. Comme l'a dit le secrétaire général António Guterres, « tout ce dont nous avons besoin, c'est de la volonté ». C’est le cas pour l'éducation, où des mesures proactives peuvent protéger et libérer le potentiel transformateur de l'éducation, y compris face à des bouleversements comme ceux vécus pendant la pandémie de COVID-19.

Le changement climatique est l'un des plus grands défis actuels. Cela s'explique en partie par son rôle de multiplicateur de risques, qui peut exacerber les problèmes existants. En général, les planificateurs de l'éducation peuvent facilement reconnaître et évaluer les impacts directs du changement climatique, tels que la destruction des écoles. Mais les conséquences plus larges (liées aux migrations, au travail des enfants, au mariage précoces, à l'insécurité alimentaire, etc.) peuvent également avoir des effets profonds sur l'éducation si elles ne sont pas prises en compte dans le cycle de planification.

Pour protéger l'éducation même dans les circonstances les plus difficiles, il est important de mettre en œuvre une approche de planification holistique et intersectorielle. Pour cela, l'IIPE-UNESCO collabore avec les ministères de l'Éducation, aux côtés des ministères concernés tels que les ministères de l'Environnement ou des Catastrophes naturelles, afin de renforcer leurs capacités en planification de l'éducation tenant compte du changement climatique. 

Agir au Soudan du Sud 

Le Soudan du Sud fait partie des cinq pays les plus vulnérables au changement climatique dans le monde. Une récente analyse des risques - menée parallèlement à l'analyse sectorielle de l’'éducation de 2023 - a révélé un certain nombre de défis liés au climat. Par exemple, l'éducation bat son plein en juillet et en septembre, lors de périodes de fortes précipitations, alors que les précipitations les plus faibles se produisent pendant les vacances scolaires en décembre et en janvier.

Pendant la saison des inondations, les infrastructures scolaires sont souvent touchées, ce qui oblige les écoles à fermer pendant des jours, voire des mois dans certains cas. Des événements extrêmes peuvent également détruire les récoltes et tuer des milliers d’animaux d’élevage, poussant les ménages sud-soudanais à adopter des mécanismes de survie négatifs tels que le travail des enfants, les mariages précoces et le ralliement à des groupes armés ou des gangs, ce qui affecte la scolarisation et l'assiduité à l’école.

Face à cette réalité, le prochain plan sectoriel d’éducation du ministère de l'Éducation générale et de l'Instruction (MOGEI) intègre des mesures d'adaptation au changement climatique et de durabilité environnementale. Par exemple, des plans d'urgence seront élaborés aux niveaux national et régional en fonction des risques locaux afin d'assurer la continuité des apprentissages. Le PSE préconisera également la réalisation d'une étude de faisabilité sur le réalignement du calendrier scolaire sur la saison des inondations.

L'IIPE aide également à renforcer la coordination et le partage d'informations entre les ministères concernés. Les fonctionnaires du MOGEI ont uni leurs forces à celles des représentants des ministères de l'Environnement et des Forêts (MEF) et des Affaires humanitaires (MoHA) pour s'assurer que le système éducatif peut traiter les problèmes avant qu'ils ne surviennent.

Identifier les écoles vulnérables en Éthiopie

Pour renforcer les efforts locaux, l'IIPE a dispensé des formations sur QGIS, un logiciel SIG (système d’information géographique) libre et gratuit. En Éthiopie, par exemple, une douzaine de fonctionnaires du ministère de l'Éducation ont pris part à cette formation. Aziza Leviers, l'un des participants du département SIGE, a affirmé que cette formation avait permis au ministère de l'Éducation d’analyser et de fusionner des données éducatives avec des données géospatiales, aidant ainsi à prendre des décisions mieux informées.

Savoir, par exemple, quelles écoles sont situées dans des zones sujettes aux inondations ou aux sécheresses permet au ministère de l'Éducation de mettre en œuvre des mesures de prévention plus efficaces et plus ciblées pour s'assurer que l'apprentissage ne s'arrête jamais et pour réduire le risque d’abandon scolaire. Forts des connaissances acquises, les participants au plan national du département SIGE se préparent désormais à dispenser leur formation QGIS au niveau régional en 2024, afin de partager avec leurs collègues le potentiel des données géospatiales dans la planification de l'éducation.

Tirer parti de la puissance de la planification

Au niveau mondial, la dynamique s'accélère également avec la COP28. Il s’agit d’un moment important pour tirer parti du pouvoir de la planification de l'éducation pour accélérer l'action climatique, donner la parole à la jeunesse, tirer les leçons des expériences et planifier les mesures qui peuvent être prises pour adapter les systèmes éducatifs au changement climatique.