Apprendre ensemble : l’éducation inclusive pour les réfugiés au Kenya

19 Juin 2020

shutterstock_1653283594_kenya_picture.jpg

Des enfants courent dans le camp de réfugiés de Dadaab au Kenya.

L’éducation des personnes réfugiées ne peut pas être négligée. Dès lors que les déplacements de population suscités par des crises – conflits ou désastres – peuvent souvent s’étendre sur des décennies, les apprenants risquent de se voir privés de formation ou d’éducation s’ils n’ont pas la possibilité de s’inscrire dans une école ou une autre institution éducative dans leur pays d’accueil. Il est dès lors impératif qu’ils soient intégrés au système d’éducation national.

Au Kenya, des étapes importantes sont en train d’être franchies pour garantir que les jeunes réfugiés qui y résident puissent intégrer le système éducatif national. Une des raisons principales réside dans le fait que l’éducation inclusive est la seule solution durable pour renforcer la cohésion sociale. Elle introduit de la diversité dans les classes dont les bénéfices se répercutent au-delà de l’école. Elle est également porteuse de nombreux avantages importants pour les apprenants et les enseignants – comme l’accès à des subventions et des bourses d’études, à du matériel d’apprentissage et d’enseignement, à des programmes d’alimentation en milieu scolaire et à des ressources sanitaires notamment.

À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, célébrée le 20 juin, le ministère de l’Éducation du Kenya a partagé ses réflexions sur le chemin qui l’a conduit à mettre en place un système éducatif pour tous.

 

Quels sont les avantages pour les enfants et les jeunes - qu'ils soient réfugiés ou citoyens kenyans - d'apprendre ensemble ?

 

L'harmonisation des programmes d'éducation et de formation dans tout le pays permet d'éviter un système d'éducation parallèle pour les apprenants réfugiés. Lorsque les étudiants de la communauté d'accueil apprennent aux côtés des réfugiés, ils partagent des ressources financières et non financières et garantissent un système d'éducation et de formation équitable et non discriminatoire. Cela garantit également l'accès de tous les apprenants à des établissements d'enseignement agréés. Apprendre ensemble favorise également la paix et la cohésion sociale, ce qui est un objectif essentiel de l'éducation. Les apprenants des communautés d'accueil et des réfugiés ont des capacités uniques : apprendre ensemble favorise le partage des connaissances car ils apprennent des forces des uns et des autres.

Pourquoi inclure les réfugiés dans le système éducatif est-il important pour l’avenir du Kenya ?


Le Kenya reconnaît que l’éducation est un vecteur important d’égalité et un outil central pour promouvoir la coexistence pacifique entre les communautés et les nations. Le Kenya reconnaît aussi que les réfugiés qui bénéficient d’un bon niveau d’éducation peuvent contribuer de manière significative au développement national. Ainsi, tous les jeunes, y compris les apprenants réfugiés et demandeurs d'asile, sont dotés de compétences professionnelles leur permettant d'être autonomes. 


Quelles sont les principales mesures prises par le gouvernement du Kenya pour intégrer les réfugiés dans le système national ?


Le ministère de l'Éducation, en collaboration avec les partenaires de développement et d'autres parties prenantes, a élaboré un projet de politique pour l'inclusion des réfugiés et des demandeurs d'asile dans le système national d'éducation et de formation. Actuellement, toutes les écoles situées dans les camps suivent le programme d'études kenyan et se présentent aux examens nationaux. Les écoles primaires et secondaires dans les camps sont dirigées par des directeurs d'école enregistrés par la Commission du service des enseignants, et tout le personnel enseignant des camps a également été formé à un programme basé sur les compétences. Des enseignants réfugiés rémunérés par des primes d'encouragement reçoivent une formation en ligne d’universités telles que l'Université Kenyatta et Masinde Muliro, dans leurs campus satellites situés dans les camps de réfugiés à Dadaab et Kakuma. Les apprenants réfugiés participent également à des activités extrascolaires et sont inclus dans des programmes nationaux de bourses d'études. 

Y a-t-il une belle réussite que vous aimeriez mettre en lumière ? 

Le programme d'installation de Kalobeyei est un véritable succès d'intégration entre la communauté d'accueil et les apprenants réfugiés. En effet, il a représenté une occasion parfaite de pérenniser et partager des ressources, et d'échanger des connaissances. Cette structure intégrée a été initiée dans le but d'accroître l'autonomie des réfugiés et de réduire leur dépendance à l'égard de l'aide humanitaire, tout en soutenant le développement du sous-comté. Depuis 2014, Kalobeyei vise progressivement à promouvoir l'autonomie des communautés de réfugiés et d'accueil par le biais de services sociaux intégrés et de mesures de stimulation économique.  

Quels sont vos espoirs pour les enfants et les jeunes vivant au Kenya à l’horizon 2030 ?


Que TOUS les enfants et les jeunes, quel que soit leur origine ethnique ou le pays d’où ils viennent, accèdent à une éducation équitable, inclusive et de qualité à même de favoriser l'emploi mais aussi le travail indépendant et l'entreprenariat. Nous espérons que le chômage chez les jeunes sera complètement éliminé ou au moins ramené à un niveau très bas. Cela permettra de réduire considérablement la pauvreté des jeunes et des ménages et de construire des économies plus fortes. Nous espérons également que l'éducation et la formation fourniront aux apprenants les compétences, les valeurs, les connaissances et l'attitude nécessaires pour développer leur résilience et les former à coexister pacifiquement les uns avec les autres. Nous souhaitons également qu'au moment de leur rapatriement, l'éducation et la formation que les réfugiés ont reçues soient adaptées à leur contexte.

Soutenir le Kenya dans la planification de l'éducation adaptée aux crises

Depuis 2018, l'IIPE-UNESCO appuie le ministère kenyan de l'Éducation dans le renforcement de ses capacités de planification de l'éducation en situation de crise, dans le cadre d’un programme mené avec le Service des instruments de politique étrangère de l'Union européenne (EU-FPI). En 2019, l'IIPE a soutenu la diffusion de la politique kenyane de gestion des risques de catastrophes dans le comté de Turkana, l'un des deux comtés du Kenya qui accueillent des réfugiés. Plus récemment, l'IIPE a fourni un soutien technique au ministère de l'Éducation dans le cadre de la mise en œuvre d'une éducation et d'une formation intégrées pour les réfugiés et les demandeurs d'asile.